En 1947, l’ONU décide de la partition de la Palestine

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 08 mai 2025

 

       Au moment du plan de partage, la population totale de la Palestine est composée pour deux tiers d’Arabes (1,2 million) et pour un tiers de Juifs (600 000), principalement immigrés d’Europe pendant la période du mandat.© Jim Pringle/AP/SIPA

Le projet sioniste date de la fin du XIXe siècle, mais la Shoah va accélérer la revendication d’un État pour les juifs. Mais près de quatre-vingts ans après, les Palestiniens attendent toujours le leur et la région est plus instable que jamais.
Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU se prononce sur le plan de partage de la Palestine. Celui-ci est adopté par 33 voix (dont celles des États-Unis, de l’URSS et de la France), 13 voix se positionnent contre et 10 s’abstiennent (dont celle de la Grande-Bretagne).
Ce plan prévoit la partition de la Palestine mandataire en trois entités, avec la création d’un État juif (sur 56 % du territoire) et d’un État arabe (sur 42 %), tandis que la ville de Jérusalem et ses villages proches (2 %) sont placés sous contrôle international en tant que corpus separatum. Une décision qui est généralement considérée comme la conséquence du génocide perpétré par les nazis contre les juifs. La Shoah a effectivement contribué à la création de l’État d’Israël : elle a catalysé la revendication d’un État pour les juifs, mais celle-ci fut bien antérieure à la Seconde Guerre mondiale.
Theodor Herzl (1860-1904), journaliste austro-hongrois qui, en 1896, vivait dans une France plongée en pleine affaire Dreyfus, publie cette année-là un livre intitulé l’État des juifs. Il y théorise l’idée selon laquelle la création d’un État spécifique pour le peuple juif est indispensable face à l’antisémitisme. L’année suivante, en 1897, il organise à Bâle (Suisse) le premier congrès sioniste mondial.
En 1917, la déclaration Balfour affirme que le gouvernement britannique est disposé à créer en Palestine « un foyer national pour le peuple juif ». En 1922, la Palestine, ancien territoire ottoman, est placée sous mandat britannique par la Société des nations (SDN), ce qui va favoriser l’immigration juive, cette population passant de 60 000 en 1914 à 500 000 en 1944, suscitant des soulèvements palestiniens : émeutes en 1929, révolte de 1936 à 1939.
Pour rassurer tout le monde, David Ben Gourion, à la tête de l’Agence juive et futur premier dirigeant israélien, explique en 1934 : « Nous n’accepterons pas maintenant ni dans le futur le pouvoir d’un groupe national sur un autre. Pas plus que nous n’acceptons l’idée d’un État juif, qui pourrait finalement signifier la domination juive sur les Arabes. » Mais en 1947, alors que les Britanniques ont annoncé vouloir se retirer de la Palestine, le même Ben Gourion assène : « Nous sommes prêts à considérer la question d’un État juif sur une partie significative de la Palestine (tout) en réaffirmant notre droit sur toute la Palestine. »

Aucune paix depuis 1948


Au moment du plan de partage, la population totale de la Palestine est composée pour deux tiers d’Arabes (1,2 million) et pour un tiers de Juifs (600 000), principalement immigrés d’Europe pendant la période du mandat. Il est accepté par les sionistes mais refusé par les pays arabes et par les Palestiniens, néanmoins incapables de s’entendre sur une stratégie commune.
L’URSS y voit un moyen de briser les hégémonies occidentales alors que les États-Unis s’y résolvent pour des raisons de politique intérieure. Lors du vote du plan de partage de la Palestine, beaucoup des pays actuels n’étaient pas encore membres de l’ONU, puisqu’ils faisaient encore partie des empires coloniaux britannique, français, belge, portugais et néerlandais.


La décision va déclencher d’abord une guerre civile dans cette Palestine toujours mandataire jusqu’en 1948, puis une guerre israélo-arabe dès la proclamation de l’État d’Israël, le 14 mai 1948. Le nouvel État en profite pour agrandir son territoire en occupant les terres palestiniennes et, depuis 1967, en y installant en toute illégalité des colonies. Depuis, cette région n’a connu ni la paix ni la stabilité. Israël est en conflit avec tous ses voisins : guerre de Suez (1956), guerre des Six-Jours (1967), la guerre d’Octobre (guerre du Kippour) en 1973, guerres au Liban (1982, 2006, 2024) et n’a signé des accords de paix qu’avec l’Égypte (1979) et la Jordanie (1994).


Malgré le vote de l’ONU et la promesse de deux États, malgré les accords d’Oslo signés en 1993, il n’en existe toujours qu’un seul. Les Palestiniens attendent toujours le leur. Ils ne revendiquent pourtant plus que 22 % de la Palestine historique. L’apartheid règne dans les territoires palestiniens occupés. La population subit un génocide dans la bande de Gaza et un nettoyage ethnique en Cisjordanie. Pour les Palestiniens, c’est une nouvelle Nakba (la catastrophe) qui a commencé, en référence à celle de 1948, lorsque des centaines de milliers d’entre eux ont dû fuir leurs villages, selon un plan bien établi et voulu par les soldats israéliens. Comme si, près de quatre-vingts ans après, l’histoire se répétait.

 

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