Guerre à Gaza : quand Israël bombarde un hôpital pour assassiner un journaliste
Par Mohamed Salah Ben Ammar, médecin.
L'Humanité du 14 mai 2025
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Hassan Aslih, journaliste Palestinien tué dans son lit d'hôpital... |
Le matin du 13 mai 2025, Khan Younès se réveillait sous une lumière lugubre. Au lieu du doux murmure des soins médicaux, c’est le fracas d’une frappe israélienne qui a dévasté l’hôpital Nasser. Après 17 mois de destruction, l’alibi officiel, prétendant que l’établissement était un « centre de commandement du Hamas », dissimulait en réalité une exécution ciblée : celle d’Hassan Aslih, journaliste palestinien.
La puissance du récit face à la peur de la vérité
Cette atrocité met en lumière la véritable nature de ce conflit, qui a abandonné même ses codes les plus sombres. Les distinctions entre civils et militaires s’effacent dans un bain de sang. Ce tableau tragique illustre une situation alarmante où le droit humanitaire, censé protéger les plus vulnérables, est anéanti par les bombes. L’hôpital, cyniquement requalifié en « infrastructure terroriste », devient une victime de cette logique destructrice.
Une doctrine d’anéantissement de la presse clairement affichée
Israël ne cache plus sa position, s’en glorifiant même. Tuer un journaliste dans son lit d’hôpital constitue une double atteinte, tant à la vie qu’à la vérité. Avec la multiplication de tels actes – Hassan Aslih n’étant qu’une tragique illustration parmi les 178 journalistes tués – et alors que les pays occidentaux continuent à vendre des armes à Israël, la situation semble dépourvue de sens.
La guerre contre la presse a ses martyrs. Shireen Abu Akleh, journaliste d’Al Jazeera, a été abattue d’une balle dans la tête en mai 2022 à Jénine. Ce conflit ne se limite plus à la conquête de territoires, mais vise à monopoliser le récit et à éradiquer toute voix dissidente.
Silence international et complicité morale
Face à cette entreprise d’effacement, le silence de la communauté internationale résonne comme un aveu d’impuissance assourdissant. Bombarder un hôpital pour assassiner un journaliste résume, en un acte barbare, la dérive monstrueuse de cette guerre où les principes fondamentaux de la dignité humaine sont piétinés. En observant ce carnage, la communauté internationale semble avoir choisi la complaisance plutôt que la confrontation. Les discours sur les droits de l’homme, les appels à la paix et les résolutions des Nations Unies se heurtent à un mur de cynisme.
Les journalistes palestiniens, sentinelles de la mémoire collective, se retrouvent réduits au silence, leurs voix étouffées par le fracas des armes. La peur s’installe. La nécessité d’informer devient une question de survie, pour chaque journaliste sur le terrain.
Bombarder un hôpital pour assassiner un journaliste n’est pas simplement un acte isolé de barbarie, mais un symbole fort qui s’inscrit dans une stratégie plus large de déshumanisation et d’effacement. C’est un avertissement clair : la vérité est devenue un enjeu de guerre, et ceux qui osent la défendre risquent de payer le prix ultime. Dans cette lutte pour la survie de la presse libre, c’est l’humanité même qui est en jeu