Sanctions contre Israël : c'est quand qu'on passe à l'acte ?

Publié le par FSC

Tom Demars-Granja
L'Humanité du 20 mai 2025

 

 

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a annoncé, mardi 20 mai, que l’Union européenne allait réexaminer son accord d’association avec Israël. Alors que la pluie de bombes redouble d’intensité sur la bande de Gaza, les alliés d’Israël commencent à revoir leur position et poussent pour un cessez-le-feu.
Ce revirement partiel arrive alors que près de 54 000 Gazaouis ont été, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, tués par l’armée israélienne. « 14 000 bébés mourront dans les prochaines 48 heures, si nous ne pouvons pas les atteindre », alertait Tom Fletcher, secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires des Nations unies, lors d’un entretien accordé à la BBC, mardi 20 mai.


Lundi, seuls cinq camions remplis de nourriture pour bébés ont été autorisés à entrer. D’une population victime d’une entreprise génocidaire à l’annexion de la bande de Gaza, le gouvernement dirigé par le premier ministre Benyamin Netanyahou se retrouve, depuis lundi 19 mai, ouvertement remis en cause par plusieurs États alliés.

Ce que signifie le réexamen de l’article 2


Annonce d’importance, déjà : l’officialisation par l’Union européenne (UE) du réexamen de son accord d’association avec Israël. « Il existe une forte majorité en faveur du réexamen de l’article 2 (sur le respect des droits humains – NDLR) de notre accord d’association avec Israël, a fait savoir la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles, mardi 20 mai. Nous allons donc nous lancer dans cet exercice. »


Un changement de cap qui symbolise une rupture qui s’amorce entre les soutiens de cette révision – la France, la Belgique, le Portugal, l’Espagne, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, la Slovénie, la Suède, les Pays-Bas – et les partisans du statu quo – l’Allemagne, l’Italie, la Bulgarie, la République tchèque, la Croatie, Chypre, la Grèce, la Lituanie, la Hongrie, la Lettonie. L’ex-premier ministre Dominique de Villepin estime même, comme il l’a affirmé au micro de Franceinfo mardi 20 mai, que les Vingt-sept pourraient aller plus loin en décrétant « un embargo sur les livraisons d’armes » et en appelant en son nom à déférer le chef de l’État israélien et son gouvernement « devant la Cour pénale internationale ».


Le Royaume-Uni a de son côté annoncé la suspension de ses négociations commerciales avec Tel-Aviv, tandis que la Suède demande que l’UE sanctionne « certains ministres israéliens ». Des prises de position saluées par la gauche. Pour l’eurodéputée Manon Aubry, « les lignes bougent enfin contre l’impunité de Netanyahou », tandis qu’Israël intensifie son offensive pour prendre le contrôle de l’enclave palestinienne rasée par de longs mois de bombardements. « Enfin, des sanctions sont prises contre l’État d’Israël, appuie sa collègue, Rima Hassan. Il est déjà trop tard, mais il était temps. »


Toujours au Parlement européen, cinquante députés ont questionné la Commission sur la façon dont elle comptait agir face à la répression menée par Tel-Aviv contre les organisations non gouvernementales (ONG) israéliennes. Un projet de loi qui impose une taxe de 80 % sur les financements publics étrangers destinés à ces structures issues de la société civile a, de fait, été entériné. « Ce projet de loi entraînera de facto la fermeture de nombreuses ONG israéliennes de défense des droits humains ainsi que d’organisations humanitaires qui mènent des activités vitales dans le pays, compris dans les territoires palestiniens occupés, telles que B’Tselem et Breaking the silence », fustigent les signataires dans un communiqué publié mardi 20 mai. Un an et demi après l’enclenchement d’un massacre causant plusieurs milliers de morts, le soutien inconditionnel à Israël commence à s’effriter.

 

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