« À Gaza, c’est un cauchemar sans fin » : entretien avec Zaid Am-Ali d'Handicap international

Publié le par FSC

Vadim Kamenka
L'Humanité du 24 juin 2025

 

« Les gens se précipitent désespérément pour obtenir de la nourriture dans des points de distribution militarisés, où des centaines de personnes ont déjà été tuées », explique Zaid Am-Ali, pour Handicap International. 

 

Face à l’inaction internationale, le blocus israélien sur l’enclave palestinienne laisse une population dans la famine. Depuis plus de vingt mois, les Gazaouis luttent pour obtenir les droits et les besoins fondamentaux constate Zaid Am-Ali, pour Handicap International.

Comment évaluez-vous la situation humanitaire dans la bande de Gaza ?

Zaid Am-Ali


Il s’agit d’une catastrophe sans précédent, qui se détériore rapidement chaque jour en raison de la guerre en cours, des restrictions israéliennes sur l’aide et de l’inaction de la communauté internationale. Comme me l’a dit un collègue il y a quelques jours, « c’est un cauchemar sans fin ».

Quel est l’impact du blocus imposé par le gouvernement israélien ?

Zaid Am-Ali

Les Palestiniens de la bande de Gaza sont confrontés à une famine imminente et n’ont pas accès aux besoins et services de base tels que l’eau, les médicaments et les soins de santé appropriés. Le blocus étouffant doit cesser. Les gens sont fatigués, désespérés et se demandent ce qui doit encore se passer pour que la communauté internationale intervienne et mette fin à cette catastrophe.
Les gens se précipitent désespérément pour obtenir de la nourriture dans des points de distribution militarisés, où des centaines de personnes ont déjà été tuées, dans le cadre d’un plan politisé qui va à l’encontre des principes humanitaires et de la dignité humaine, tout en excluant les personnes les plus vulnérables.


Quels sont les besoins urgents ?

Zaid Am-Ali

Le besoin le plus urgent est un cessez-le-feu immédiat et permanent. La guerre et le massacre incessant de civils doivent cesser, et l’aide humanitaire doit être autorisée à entrer sans restrictions. Depuis plus de vingt mois, les Palestiniens de la bande de Gaza luttent pour obtenir les droits et les besoins fondamentaux tels que la nourriture, l’eau, les médicaments et le carburant.
Des milliers de personnes vivent avec des blessures graves et potentiellement à vie, telles que des amputations, des lésions de la moelle épinière et des traumatismes cérébraux, causées par des armes explosives utilisées en permanence sur la population civile au cours des vingt derniers mois.
Les services de rééducation étant quasiment inexistants et le système de santé complètement effondré, de nombreux blessés risquent de voir leur état de santé s’aggraver, de souffrir d’un handicap permanent, voire de mourir, faute de soins appropriés.


Dans quelles conditions travaillez-vous ?

Zaid Am-Ali

Face aux défis et aux restrictions, notre équipe est déterminée dans sa mission de sauver et d’améliorer la vie des plus vulnérables, en particulier des personnes handicapées. À Gaza, notre équipe fait de son mieux pour aider les personnes dans le besoin, notamment en leur offrant des services de réadaptation et en les informant des risques liés aux munitions explosives.
Et ce, malgré les bombardements incessants, les déplacements forcés répétés, le manque de carburant pour atteindre les bénéficiaires, les coupures d’internet et de communications, et les dommages causés aux infrastructures clés telles que les routes et les hôpitaux. C’est un défi quotidien que notre équipe à Gaza vit depuis plus de vingt mois maintenant. Je suis stupéfaite et impressionnée par la façon dont ils parviennent à travailler tout en vivant dans cette situation catastrophique, comme tout le monde là-bas.


En Cisjordanie, les autorités israéliennes ont imposé des restrictions sévères et supplémentaires à la circulation, y compris à Jérusalem-est. La plupart des accès aux villages et villes palestiniens sont désormais bloqués, isolant ainsi les villes et villages palestiniens et séparant les communautés et les familles par un vaste réseau de points de contrôle militaires, de barrières et d’autres barrages routiers.
Les opérations militaires en cours, en particulier dans le nord de la Cisjordanie, ont également eu un impact sur les moyens de subsistance et les déplacements des Palestiniens, ainsi que sur notre capacité à atteindre et à aider les communautés dans le besoin.
Un cessez-le-feu ! Un cessez-le-feu immédiat et permanent, la libération des otages et le libre accès à l’aide humanitaire sont les seuls
moyens de mettre fin aux souffrances des civils et de sauver des vies.

Qu’attendez-vous de l’Europe et des puissances occidentales ?

Zaid Am-Ali

La communauté internationale doit agir rapidement. Les États doivent prendre des mesures concrètes pour garantir le respect de l’arrêt de la CIJ, en accordant la priorité à la protection des civils et de leurs droits. Il s’agit notamment de suspendre le transfert et la vente d’armes, de pièces détachées et de munitions lorsqu’il existe un risque clair et des preuves de leur utilisation pour commettre des violations du droit international humanitaire. Le temps de l’action est venu depuis longtemps ; nous voulons voir des actions réelles et concrètes maintenant plus que jamais

 


 
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