À Paris, le PCF et l’OLP relancent la lutte pour la reconnaissance de la Palestine
Axel Nodinot
L'Humanité du 04 juin 2025
Le Parti communiste français et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont organisé, ce mercredi 4 juin, une conférence dans la capitale pour réclamer la fin des massacres et de la colonisation par Israël, l’application du droit international et la reconnaissance de l’État palestinien, essentielle à la paix durable.
« Un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène », professait Jean Jaurès. Alors, ce mercredi 4 juin, les représentants de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont fait de la coupole du siège du Parti communiste français (PCF) leur voûte pour construire la solidarité, et surtout un avenir libre et pacifique au Proche-Orient.
L’Alliance internationale pour les droits du peuple palestinien vient concrétiser « une longue et fraternelle amitié » entre les deux organisations, s’est félicité le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, en ouverture, rappelant leurs « plus de cinq décennies » de relations, la rencontre de Yasser Arafat et Georges Marchais en 1982 – quelques années avant que l’OLP ne proclame l’indépendance de la Palestine – ou leur déclaration commune, publiée en novembre dernier.
L’initiative réclame encore et toujours le cessez-le-feu immédiat, la fin de la colonisation israélienne, l’application du droit international et la reconnaissance de l’État de Palestine dans les frontières du 4 juin 1967, la veille de la guerre des Six-jours. D’où cette date, cinquante-huit ans plus tard, pour « donner de l’espoir » au peuple palestinien, a affirmé Fabien Roussel sous une ovation :
« En ces lieux, le PCF a porté la lutte d’indépendance du peuple algérien, et nous avons gagné. Nous avons animé la résistance pour la liberté du peuple vietnamien, et nous avons gagné. Nous avons animé la lutte pour la fin de l’apartheid et la libération de Mandela, et nous avons gagné. Nous gagnerons cette bataille pour la reconnaissance de la Palestine ! »
« Les Palestiniens méritent qu’on ne relâche jamais nos efforts »
« J’ai le sentiment que nous sortirons de cette salle victorieux », s’est ému Mounib Al Masri, 91 ans et président du Forum Palestine. La combativité transpirait également chez les spectateurs, debout lors des hymnes, faisant fleurir beaucoup d’écharpes et de keffiehs sur leurs épaules. « C’est aussi ça la politique, les Palestiniens méritent qu’on ne relâche jamais nos efforts », sourit un ancien responsable départemental du PCF. Un peu d’humanité, après bientôt vingt mois de génocide à Gaza ; de colonisation toujours plus poussée en Cisjordanie, où des lotissements surgissent sans cesse sur les collines, en surplomb des villages palestiniens ; d’exactions à Jérusalem-Est, trop nombreuses pour que Marouf Alrefai, le conseiller du gouverneur local, ne les dénonce toutes.
Cette humanité est ardemment réclamée par les peuples du monde, qui voient chaque jour se dérouler les massacres de civils, à leurs dirigeants. Si Emmanuel Macron, comme il l’a laissé entendre, reconnaît l’État de Palestine dans quelques jours à New York, ce serait rejoindre 63 % de ses compatriotes, selon un récent sondage d’Odoxa. « La reconnaissance signifie que les Palestiniens ne sont pas que des victimes, mais un peuple qui mérite sa liberté et son émancipation, a plaidé Marina Nikolaou, députée chypriote d’Akel. Mais ce n’est pas assez ! » Toujours selon ce sondage, 62 % des Français sont favorables à la suspension de l’accord commercial UE-Israël, 58 % à un embargo total sur les produits israéliens.
« Notre message est simple : notre peuple veut la paix, a plaidé Ahmed Saeed Al Tamimi, président du Conseil palestinien des droits de l’homme. La Palestine restera une épine dans le pied du sionisme international, de Benyamin Netanyahou et de ses pairs, qui n’a pas pu en cent ans nous détruire ni nous empêcher de lever notre drapeau pour nos droits. » Et de promettre son retour place du Colonel-Fabien « pour célébrer notre liberté et notre indépendance », en dressant le V de la victoire sous les « Free Palestine ».
Deux mots d’ordre : paix et reconnaissance
Les représentants de l’OLP ont tous salué l’avancée diplomatique promise par le président français. Mais « non, monsieur Macron, ce ne seront pas les historiens qui devront juger du génocide à Gaza », a tenu à signaler Maryse Artiguelong, vice-présidente de la Fédération internationale des droits de l’homme. Les bains de sang du gouvernement fasciste israélien sont de plus en plus insupportables, et les États occidentaux – les derniers à ne pas reconnaître la Palestine – sentent l’indignation de leurs citoyens. Ce mercredi matin encore, le Parlement britannique était encerclé par des milliers de manifestants. « À Londres, ils sont parfois un million, des centaines de milliers en Allemagne, aux Pays-Bas, a listé Sophie Binet. Et en France, où en sommes-nous ? »
La secrétaire générale de la CGT, où « la paix est identitaire », a annoncé une levée de fonds commune avec l’ambassade de Palestine en France, un vote à venir sur le statut de l’État palestinien à l’Organisation internationale du travail, et a enfin réaffirmé le « besoin de gagner une mobilisation massive réunissant toutes les forces politiques et syndicales ». Le rendez-vous est fixé au samedi 14 juin prochain. Deux mots d’ordre : le cessez-le-feu et la reconnaissance immédiats. Et un seul peuple, derrière nos dirigeants, pour nos sœurs et frères palestiniens.