Guerre à Gaza : « Emmanuel Macron doit écouter le peuple français et reconnaître la Palestine »

Publié le par FSC

Vadim Kamenka
L'Humanité du 04 juin 2025

 

 

Membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine, Ahmed Saeed Al Tamimi était présent au siège du PCF ce mercredi, pour une initiative commune. Il réclame la fin du génocide et un cessez-le-feu immédiat.
Ahmed Saeed Al Tamimi réclame une action politique forte des autorités françaises et européennes pour stopper le génocide en cours à Gaza. Près de 55 000 personnes ont été tuées en l’espace de dix-neuf mois et la famine menace la majorité des 2 millions d’habitants. L’Organisation de libération de la Palestine (OLP) demeure composée de partis et de mouvements, dont le Fatah, le Front populaire de libération de la Palestine, le Parti du peuple palestinien et le Front démocratique pour la libération de la Palestine. Les discussions se poursuivent pour intégrer le Hamas et le Jihad islamique.

Quel regard portez-vous sur la situation à Gaza ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


La bande de Gaza fait partie de la Palestine occupée. Ce territoire subit aujourd’hui un génocide et des crimes à l’égard de nos enfants, de nos femmes et des personnes âgées. Au bout de dix-neuf mois de bombardements, l’ensemble de l’enclave a été rendu invivable, par la destruction totale de toutes les infrastructures. Les autorités israéliennes ont également réduit en cendre les arbres, rendu invivable la terre et occupent désormais une partie du territoire. Si les crimes de Benyamin Netanyahou sont innombrables, le premier ministre israélien peut continuer ces actes sous les yeux du monde entier.


La population mondiale, la communauté internationale voient en direct l’étendue des destructions et le nombre de crimes commis. Nous leur demandons désormais de soutenir le peuple palestinien et de mettre fin au génocide mené par le gouvernement israélien. Netanyahou pense que l’extermination des Gazaouis et la destruction de ce territoire lui permettront d’arriver à son objectif d’évincer la population palestinienne. Ce dernier veut détruire Gaza pour que les gens ne puissent plus revenir et les forcer à quitter leur terre. Malgré ses crimes, la Palestine restera aux Palestiniens. Nous avons toujours vécu sur cette terre. Nos ancêtres sont enterrés ici et nous continuerons à vivre malgré les difficultés.


Comment stopper ces crimes ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


Nous demandons aux États, aux dirigeants, aux citoyens d’intervenir pour stopper ce génocide. Nous avons interpellé le président des États-Unis, Donald Trump, afin qu’il fasse pression sur Benyamin Netanyahou pour arrêter cette guerre et que Washington reconnaisse l’État de Palestine. Tant que l’administration américaine n’empêchera pas le gouvernement israélien de mener une politique de colonisation et de nettoyage ethnique, le premier ministre et sa coalition fasciste continueront. Nous résisterons à cette sauvagerie. Nous résisterons à ces crimes.



Qu’attendez-vous de la France et de son président ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


La France, qui demeure un exemple à travers le monde pour sa Révolution et la Déclaration des droits de l’homme, doit arrêter de livrer des armes, de commercer et de soutenir financièrement Israël. Le président Emmanuel Macron doit exercer de véritables pressions sur les autorités israéliennes pour qu’elle cesse immédiatement cette guerre et ces crimes. Nous demandons au président français de reconnaître l’État de Palestine comme l’ont déjà réalisé 148 pays. Car il s’agit de notre droit à vivre, à la liberté, à être souverain et à bénéficier des mêmes droits que les autres peuples. Cette action signifie la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Emmanuel Macron doit être en phase avec le peuple français et l’écouter afin de reconnaître la Palestine comme État.


Qu’impliquerait la reconnaissance de l’État de Palestine par la France, à l’ONU, fin juin ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


Cela renforce notre droit et notre exigence à mettre un terme à la destruction de Gaza et du peuple palestinien, à cesser l’occupation et l’annexion de la Cisjordanie. Car, aujourd’hui, nous ne voyons pas d’actes punitifs, nous ne voyons pas de sanctions, nous ne voyons rien. Cette action diplomatique doit donc permettre d’imposer un cessez-le-feu immédiat et de stopper le génocide. Sans cette combinaison d’actions, cette reconnaissance n’aura aucun poids.



Pourquoi avoir choisi d’organiser cette initiative du 4 juin, à Paris, avec le PCF ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


Nous avons choisi ce lieu, car le Parti communiste a toujours soutenu le peuple palestinien. L’histoire de cette organisation politique est liée aux luttes d’émancipation des peuples à travers l’histoire : le Vietnam, l’Algérie, l’Afrique du Sud. Notre relation avec les formations de gauche est historique.
Nous savons qu’elles nous aideront, en particulier le PCF, à mener la bataille pour l’arrêt du génocide en faisant pression sur le président Emmanuel Macron et à le pousser à reconnaître notre souveraineté. Cette démarche est internationale à travers les intervenants invités ce mercredi. Elle démontre la solidarité internationale dont a besoin le peuple palestinien face aux silences et aux complicités des États devant les crimes commis par Benyamin Netanyahou et sa coalition gouvernementale.
L’opinion publique s’intéresse à la cause palestinienne. Ces derniers mois, le débat public en France a évolué. Les gens sont maintenant plus réceptifs à reconnaître les terribles crimes commis à Gaza.


L’OLP est-elle en lien avec le Hamas, s’agissant des négociations indirectes avec Israël ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


Nous n’y participons pas. Et nous demandons au Hamas d’arrêter ce dialogue, car il s’agit d’une question nationale qui doit être discutée par l’ensemble des forces politiques palestiniennes. L’OLP demeure le représentant légitime et unique du peuple palestinien en Palestine et à l’extérieur.


Pensez-vous que le Hamas et le Jihad islamique doivent devenir membre de l’OLP ?

Ahmed Saeed Al Tamimi 


Le dialogue avec le Hamas et l’ensemble des forces palestiniennes qui ne sont pas membres de l’OLP se poursuit et n’a jamais cessé. Nous souhaitons qu’elles intègrent l’organisation si elles approuvent la ligne politique de l’OLP à reconnaître les résolutions internationales.

 

**************************


Un cessez-le-feu immédiat


En ce moment décisif pour le peuple palestinien, la conférence « Liberté pour la Palestine », qui s’est tenue à Paris, mercredi, pointe 10 exigences dont un « cessez-le-feu immédiat » et une « reconnaissance immédiate » de la Palestine. Dans sa déclaration finale, les forces progressistes présentes (OLP, PCF, CGT, Fidh, LDH, Médecins du monde…) réclament « la constitution d’une “coalition internationale pour la défense des droits du peuple palestinien et la protection du droit au retour”, d’une alliance palestinienne, arabe et internationale, enracinée dans l’histoire du combat des peuples pour le progrès ». 

Le texte demande également « l’application du droit international » et « des principes de la Charte des Nations Unies » et condamne « le gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou, sa politique suprémaciste, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité qu’il commet » et « les soutiens internationaux dont il bénéficie » qui sont un « danger existentiel pour le peuple palestinien et la paix dans la région ».

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article