Jean-Paul Lecoq (PCF) : « Est-on dépendant d’Israël au point de ne plus avoir d’indépendance de jugement ? »

Publié le par FSC

Gaël De Santis
L'Humanité du 17 juin 2025

 

Après le déclenchement par Israël de la guerre contre l'Iran, Emmanuel Macron est redevenu un soutien sans faille du gouvernement Netanyahou.© Eric TSCHAEN/REA

 

Secrétaire de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, le communiste Jean-Paul Lecoq estime que les mots d’Emmanuel Macron « ne portent plus » et appelle à se montrer ferme envers Israël.

Que pensez-vous des propos d’Emmanuel Macron pour qui Israël a le « droit de se défendre » au sujet des bombardements en Iran ?

Jean-Paul Lecoq

C’est inacceptable. Cela revient à avaliser une guerre par anticipation, à soutenir l’attitude d’Israël qui refuse un accord entre l’Iran et les États-Unis ou la reprise des discussions entre Téhéran et l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Par ailleurs, Israël ne voulait pas que la France et l’Arabie saoudite tiennent une réunion, sous l’égide de l’ONU, pour reconnaître l’État de Palestine. Le gouvernement israélien d’extrême droite porte l’idée que lui seul déterminera ce qui se passera dans cette région.

Quels auraient dû être les mots prononcés par le président ?

Jean-Paul Lecoq

Priorité à la diplomatie, toujours. Il est toujours temps pour lui de le dire. Les mots d’Emmanuel Macron commencent à ne plus porter, et c’est un problème.

Fallait-il maintenir la conférence à l’initiative de la France et de l’Arabie saoudite concernant la Palestine ?

Jean-Paul Lecoq

Il n’y a pas besoin d’une conférence pour reconnaître l’État de Palestine. Le président peut le faire tout de suite et poser des actes. Poser des actes, c’est dire ce que disent les manifestants au salon du Bourget : que les entreprises israéliennes n’ont pas à y être.
Poser des actes, c’est reprendre ce que disent les manifestants de la marche vers Bruxelles : suspendre l’accord d’association pour mettre la pression sur Israël afin de faire cesser les combats et le génocide à Gaza. Nos diplomates, notre président de la République s’en tiennent à des déclarations. Or, le gouvernement israélien se moque des paroles et ne commence à s’inquiéter que dès lors qu’il y a des actes.

La diplomatie française est-elle devenue erratique ?

Jean-Paul Lecoq

Comment le gouvernement israélien fait-il pour qu’il n’y ait pas de réaction de la République française ? Que met Benyamin Netanyahou dans la balance pour faire revenir sur ses propos le président ? Est-on dépendant d’Israël sur certains sujets au point de ne plus avoir d’indépendance de jugement ? D’un côté, nous avons un président qui invoque les valeurs pour critiquer ce qui se fait à Gaza, et, de l’autre, nous avons un président qui revient en arrière sur la reconnaissance de l’État de Palestine.


Que faire au sujet du nucléaire iranien ?

Jean-Paul Lecoq


Le meilleur moyen d’éviter la prolifération nucléaire est de dénucléariser la planète. On dispose, à l’échelle internationale, de traités pour supprimer toutes les bombes atomiques et être tous à égalité. 
Car, à terme, il est intenable de dire à d’autres qu’ils ne peuvent se doter de la bombe et nous-mêmes conserver cette protection et pire, l’élargir à toute l’Europe. Mon pays devrait travailler à la suppression des armes nucléaires. Commençons à être membre observateur du traité d’interdiction des armes nucléaires, proposons aux autres de nous rejoindre, et travaillons à la dénucléarisation du monde.

 


 
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