Plus de 30 Palestiniens tués par Israël près d’un centre d’aide humanitaire à Gaza : l'ONU exige « une enquête internationale indépendante »
Bruno Odent
L'Humanité du 03 juin 2025
![]() |
Des Palestiniens se recueillent sur les corps de civils tués par Israël près d’un centre de distribution d’aide alimentaire, le 3 juin 2025.© Omar Ashtawy/APA Images via ZUMA Press Wire/ABACAPRESS |
Lundi 2 juin, des civils palestiniens rassemblés près d’un centre de distribution de nourriture dans le sud de la bande de Gaza ont été la cible de tirs. Bilan : plus d’une trentaine de morts et 180 blessés. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterrez, exige une enquête internationale.
Des tirs israéliens ont visé plusieurs centaines de civils rassemblés à l’aube du 2 juin dans le sud de la bande de Gaza près d’un centre de distribution d’aide alimentaire. Le bilan ne cesse de s’alourdir et s’élève désormais à plus de 30 morts et à quelque 180 blessés. Face à ces nouvelles atrocités, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a réagi en appelant à « une enquête internationale indépendante » et en exigeant que les auteurs de ces crimes soient « tenus pour responsable ».
Les distributions d’aides sont entre les mains exclusives, depuis plus d’une semaine, d’une obscure organisation israélienne soutenue par Washington. Baptisée Fondation Humanitaire de Gaza (GHF), celle-ci prétend avoir distribué plusieurs millions de repas aux habitants menacés par la famine. Mais son déploiement a été le plus souvent marqué par des scènes chaotiques et l’enregistrement, déjà, de tirs israéliens sur des civils à proximité des lieux où ces vivres sont délivrés.
Des gens couverts de sang
« La distribution de l’aide est devenue un piège mortel », a déclaré Philippe Lazzarini, commissaire général de l’Unrwa (Office de secours des Nations unies aux réfugiés palestiniens). Pour toute réponse, Tel-Aviv s’est une nouvelle fois contentée d’insulter les dirigeants de l’ONU, estimant que leur demande d’enquête constituait une « honte », car la preuve d’une collusion avec le mouvement islamiste palestinien du Hamas.
Cependant une source militaire israélienne a contribué à jeter elle-même le doute sur le crédit qu’il convient d’accorder à ce discours officiel. Elle reconnaît des tirs dits de sommation vers des individus sortis de la foule et qui se seraient faits menaçants « à l’encontre des soldats ».
L’AFP a pu recueillir plusieurs témoignages de personnes qui se trouvaient sur la zone. Il était « 5 heures ou 5 h 30, avant le lever du jour » lorsque les tirs ont éclaté près du rond-point Al-Alam, où une foule s’était rassemblée avant de se rendre au centre de GHF, situé à environ un kilomètre de là. « Bien sûr, c’est l’armée israélienne qui a tiré à balles réelles. La peur et le chaos régnaient », relève un premier témoin qui demande à conserver l’anonymat. Un autre, Mohammed Abou Deqqa, 35 ans, raconte : « Au début, nous avons pensé qu’il s’agissait de tirs d’avertissement. Mais j’ai commencé à voir des gens allongés au sol, couverts de sang. »
Les lieux mêmes de distribution de nourriture obéissent, selon plusieurs médias israéliens, à une plus vaste stratégie d’évacuation des populations gazaouis. Tous sont situés dans le sud, ce qui oblige les populations à quitter le nord de l’enclave avant d’être poussées à un départ définitif.