L'implication des universités israéliennes ... dans le crime !
Par l’Agence Média Palestine, le 29 juin 2025
L’Agence Média Palestine propose une liste non-exhaustive des éléments qui documentent le rôle majeur des universités israéliennes dans l’oppression des Palestinien-nes.

« Les universités israéliennes continuent non seulement à participer activement à la violence de l’État israélien contre les Palestiniens, mais aussi à contribuer par leurs ressources, leurs recherches et leurs études, à maintenir, défendre et justifier cette oppression », expliquait Maya Wind dans son livre « Tours d’ivoire et d’acier – Comment les universités israéliennes nient la liberté des Palestiniens ».
Le boycott universitaire est un axe central des mobilisations internationales de solidarité avec la Palestine. Depuis le début du génocide et bien avant cela, les étudiant-es et universitaires demandent à leurs directions de mettre fin aux échanges et aux partenariats avec des universités israéliennes, ou du moins une transparence quant au processus de validation éthique de ceux-cis.
En France comme ailleurs, les mobilisations étudiantes sont aussi massives qu’invisibilisées, et les revendications des étudiant-es systématiquement délégitimées. Il nous a semblé important, à l’Agence Média Palestine, de revenir sur les arguments avancés par les étudiant-es et de rassembler, ci-après, les éléments qui incriminent les universités israéliennes.
Aux tous débuts de la colonisation israélienne et de manière accélérée après la Nakba de 1948, les universités sionistes ont développé les armes du nettoyage ethnique, qu’elles soient matérielles ou théoriques. Les universités ont constitué un fort atout de développement des régions colonisées, et ont participé à la normalisation de l’occupation israélienne de par leurs implantations géographiques qui maillent le territoire, modifiant les réalités démographiques des régions.
Cette imbrication se poursuit de nos jours, où nombreuses universités ont des centres de recherches stratégiques qui collaborent avec le gouvernement et l’armée et travaillent à élaborer des technologies et des doctrines militaires appliquées sur le terrain. En outre, les réservistes et soldats-étudiants représentent un-e étudiant-e sur 5, soit 70 000 étudiants-soldats déployés à Gaza.
Les universités israéliennes sont également impliquées dans l’élaboration la rhétorique qui accompagne les opérations de l’armée afin de les justifier auprès de la société israélienne et de la communauté internationale. Comme l’explicite Sharvit Baruch, colonelle de l’armée israélienne et chercheuse à l’INSS : « afin d’influencer les lois de la guerre et leur interprétation, il est important qu’Israël et l’armée israélienne soient impliqués dans ce domaine. Nous devons renforcer les collaborations avec les conseillers juridiques d’autres armées et engager un dialogue professionnel fructueux. Nous devons publier des articles académiques […], être actifs sur les blogs et en ligne. Il est important d’assister à des conférences professionnelles et maintenir des relations avec les chercheurs influençant l’interprétations des lois ». Les universités israéliennes sont pleinement et explicitement parties de l’entreprise génocidaire d’Israël.
Voici donc, pour étayer ces arguments, une liste non-exhaustive des complicités établies entre les universités israéliennes et les crimes commis à l’encontre du peuple Palestinien. Elle met en commun des ressources recensées notamment par les campagnes « Désarmons les Universités » et « Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël » :
Université Bar Ilan (Ramat Gan, Tel Aviv)
L’université Bar Ilan travaille en étroite collaboration avec le Shin Bet, le célèbre service de sécurité israélien, qui a été condamné par le Comité des Nations unies pour son recours à la torture et à d’autres tactiques d’interrogatoire violentes et illégales. Son centre de recherche sur la cybersécurité, dont les domaines vont de la cybersécurité et la cryptographie appliquée, aux patrouilles multi-robots et la télédétection par satellite, est en lien étroit avec le bureau national de cybersécurité du cabinet du premier ministre. La faculté d’ingénierie de Bar Ilan a organisé des « hackathons » en collaboration avec l’armée israélienne et avec Elbit Systems, le plus grand producteur d’armes d’Israël.
Après le 7 octobre, l’université de Bar Ilan par le biais de son site internet a lancé une initiative à des fins de soutien à l’effort de guerre appelé « Histoires du front à Bar Ilan » faisant la promotion d’alumni et étudiants engagés dans la guerre notamment Racheli Vassal directrice en Israël du « One Israel fund », association « caritative » américaine soutenant financièrement plus de 500 000 colons en Cisjordanie, fournissant entre autres des casques, gilets en céramique, spray au poivre et même des « kits de conversion » qui transforment les pistolets en fusils.
A l’université Bar Ilan, la chaîne Youtube « Faculty for Israel », créée en octobre 2023, diffuse des vidéos d’enseignants justifiant les opérations militaires et la politique gouvernementale en mobilisant des concepts et notion spécifiques à leurs domaines de recherche.
L’université Bar Ilan a créé le « College of Judea and Samaria », aujourd’hui « Université d’Ariel », dans la colonie israélienne illégale d’Ariel, dans le territoire palestinien occupé. Les colonies sont considérées comme un crime de guerre en droit international.
Université Ariel (Cisjordanie occupée)
Nommée « capitale de la Samarie », la colonie d’Ariel remonte à 1978, année de sa création suite aux accords de Camp David entre l’Égypte et Israël. La colonie a débuté sur 500 dunums (50 hectares) confisqués à la ville de Salfit et au village de Marda, pour ensuite s’emparer de 13 775 dunums (1400 ha), dont 2 479 dunums constituaient la zone bâtie de la colonie.
L’université Ariel est littéralement construite dans cette colonie israélienne illégale sur des terres palestiniennes volées en Cisjordanie occupée. C’est assez dire.
Université Ben Gurion (Beer Sheva)
L’université Ben Gourion (BGU) accueille l’Institut de la sécurité intérieure, qui compte parmi ses partenaires les principales entreprises d’armement israéliennes et le ministère israélien de la défense. Depuis 20 ans, elle organise un programme de formation des pilotes de l’armée de l’air en partenariat avec l’armée par le biais d’une convention « aviation académique ».
L’armée israélienne construit un campus technologique à côté du campus de l’université Ben Gourion afin de renforcer les liens entre l’armée et l’université Ben Gourion. Comme l’a déclaré un général de brigade lors de la cérémonie d’inauguration, ce campus « renforcera les capacités opérationnelles de l’armée ».
En mars 2024, la société d’armement Elbit Systems ouvre un laboratoire dans le Ben-Gurion Advanced Technologies Park, adjacent à l’université, en déclarant qu’elle « entretient une relation étroite avec le monde universitaire qui va au-delà d’une simple collaboration. Nous transformons activement la recherche universitaire en applications pratiques…les étudiants qui participent à nos projets obtiennent des crédits universitaires pour leur travail, ce qui crée un lien mutuellement avantageux ».
L’Université Ben Gourion a également accusé publiquement les membres de la faculté qui ont signé une déclaration contre le #GazaGenocide d’Israël d’avoir « terni la réputation de BGU. »
Institut Weizmann des sciences (Tel Aviv)
L’Institut Weizmann des sciences propose un programme de maîtrise pour les soldats et a ouvert une académie prémilitaire qui préparera les élèves de terminale à un « service militaire utile ». L’Institut Weizmann collabore avec les principaux fabricants d’armes israéliens, notamment Elbit Systems et Israel Aerospace Industries.
L’Institut Weizmann a introduit plus d’une douzaine d’avantages pour les étudiants soldats servant dans le #GazaGenocide d’Israël.
Université hébraïque de Jérusalem
L’université hébraïque a entrepris après 1967 l’extension de ses installations sur le mont Scopus à Jérusalem-est incluant des dortoirs, le village des étudiants, un complexe sportif, en violation du droit international. L’université hébraïque de par sa présence stimule les activités des colons dans les quartiers adjacents de French Hill, Ramat Eshkol, Sheikh Jarrah et au-delà. Elle bénéficie d’infrastructures des colonies, telles que les lignes de transports et routes d’accès toutes situées en territoires occupés. En coopérant avec la police israélienne, elle met à disposition ses infrastructures à des fins de surveillance des populations palestiniennes vivant à proximité par exemple en fermant l’entrée sud du quartier d’Al-Issawiya. En outre, l’Université hébraïque héberge une base militaire sur le campus afin d’offrir une formation universitaire aux soldats israéliens.
Pendant le #GazaGenocide israélien, l’Université hébraïque s’est vantée d’avoir fourni « divers équipements logistiques à plusieurs unités militaires. »
L’Université hébraïque a également immédiatement institué un « ensemble de mesures financières renforcées » pour les étudiants-soldats commettant le #GazaGenocide d’Israël, en plus des avantages académiques.
Technion (Université publique et institut de recherche en sciences et technologie, Haïfa)
La création de l’institut Technion en 1912 et l’institut Weizmann (the Sieff institute) en 1934 ont eu pour objectifs l’avancement technologique nécessaire à la création d’un état israélien. Les instituts Weizmann et Technion ont participé à l’ancrage des « science corps » et sont devenus par la suite le centre scientifique militaire de l’état israélien, développant les industries militaires israéliennes (Rafael, IAI) et marquant l’institutionnalisation de la recherche dans l’armement de l’état israélien. Les commémorations israéliennes annuelles de la guerre d’« indépendance » rassemblent des membres de la brigade Carmeli, des vétérans de 48 et des membres de l’institut Technion marquant les liens historiques qu’ils entretiennent.
Plus récemment, Technion a conclu de nombreux partenariats avec les principaux fabricants d’armes israéliens, dont Elbit Systems et Rafael, et a parrainé des bourses d’études par ces derniers. Technion a mis au point un cours sur la commercialisation de l’industrie israélienne de l’armement sur le marché international en vue de l’exportation. Technion a également mis en place de nombreux programmes universitaires conjoints avec l’armée israélienne et a développé les capacités de commande à distance du bulldozer blindé Caterpillar D9 utilisé par l’armée israélienne pour démolir les maisons palestiniennes, ce qui est considéré comme une punition collective en vertu du droit international.
Technion s’enorgueillit d’un étudiant qui a enrôlé des professeur-es et d’ancien-nes étudiant-es pour créer une armée de robots pilotés par l’IA « pour augmenter massivement l’impact des efforts pro-israéliens sur les médias sociaux », en poussant la propagande israélienne à blanchir son génocide et à réprimer les discours sur les droits des Palestinien-nes.
Technion accueille plusieurs centres de recherche liés aux objectifs militaires israéliens notamment : le Centre pour les sciences et technologies de sécurité (CSST) et l’Institut de recherche avancée Peter Munk sur la défense (ADRI). La mission de ces centres de recherche est de promouvoir « le développement de concepts et de technologies novateurs liés à la défense ; de favoriser la collaboration entre les autorités de défense, les institutions gouvernementales, l’industrie et les chercheurs universitaires ; et de former la prochaine génération d’ingénieurs et de scientifiques qui joueront un rôle de premier plan dans l’écosystème de la défense israélienne ».
Technion se verra décerner le « Bouclier du ministre de la Défense » pour 2025 en reconnaissance de son soutien exceptionnel aux réservistes militaires.
Université de Tel Aviv
À l’université de Tel-Aviv, une « salle de guerre technique » a été créée dans le but de soutenir les soldats-étudiants et « inventer des solutions aux défis [des] combattants sur la ligne de front ». Y sont diffusées en direct, grâce à une caméra montée sur un chien d’une unité canine, les opérations des soldat-es déployés à Gaza.
L’université de Tel Aviv gère des centres communs avec l’armée israélienne et les industries d’armement israéliennes. L’université de Tel Aviv héberge également l’Institut d’études de sécurité nationale (INSS), qui se targue d’avoir élaboré la « doctrine Dahiya », ou doctrine de la force disproportionnée. Adoptée par l’armée israélienne, la doctrine Dahiya appelle à « la destruction de l’infrastructure nationale et à des souffrances intenses au sein de la population [civile] ».
Le professeur de philosophie Asa Kasher de l’INSS a dirigé l’équipe qui a rédigé le code d’éthique de Tsahal en 1992, intitulé l’ « Esprit de Tsahal ». Ce code crée notamment un cadre permettant de justifier les assassinats extra-judiciaires, la torture et le déploiement militaire massif contre les populations civiles.
L’université Tel Aviv a mis en place un cours de hasbara (propagande) sur le #GazaGenocide d’Israël et a financé par crowdfunding des colis de « soins » pour les soldats qui commettent un génocide à Gaza. Elle a également mis en place un cours académique axé sur la présentation de la guerre en cours à Gaza qui fait suite à un groupe de travail initié par des étudiants internationaux afin d’aider « à l’effort national israélien à raconter au monde la véritable et tragique histoire de cette guerre ».
L’université de Tel-Aviv, par le biais du centre Moshe Dayan, s’associe régulièrement avec le Shin Bet et la police nationale israélienne, rappelant les objectifs du centre Dayan, créé pour servir de pont entre la division du renseignement israélien et le milieu universitaire.
Centre Moshe Dayan
Le Centre Moshe Dayan d’études sur le Moyen-Orient et l’Afrique, initialement attaché à l’université hébraïque de Jérusalem puis à l’université de Tel-Aviv réunit le monde académique et le bureau des affaires étrangères de l’état israélien.Invitant régulièrement des militaires, les chercheurs de ce centre sont d’anciens ou actuels membres de l’Israeli intelligence corps, dont l’unité 8200 fait notamment partie.
Inaccessible aux citoyens palestiniens d’Israël, le centre Dayan représente une branche auxiliaire de l’armée et fournit son expertise dans l’occupation que subissent les palestiniens. Certains professeurs ont fait carrière dans l’armée israélienne ou l’administration des territoires occupés en tant que gouverneur militaire. Leurs recherches portent par exemple sur le blocage du droit aux retour des palestiniens ou des outils sur « comment gérer l’occupation militaire permanente ».
Partenaire de l’armée mais également du Shin Bet ou du Mossad à qui sont destinés des programmes spécifiques, la production de savoirs y est entièrement dédiée à soutenir l’entreprise coloniale et d’occupation militaire de l’état israélien.
Open University of Israel (institut de formation à distance, Ra’anana, Tel Aviv)
L’Open University of Israel gère le programme « Academic Commandos » avec l’armée israélienne depuis 1999, se vantant d’avoir accordé « un traitement préférentiel aux soldats des FDI : en accordant 50 % de bourses aux soldats en service actif » et d’être « le seul établissement d’enseignement supérieur [israélien] où les soldats en service actif dans les FDI sont autorisés à étudier pendant leur service ».
Université de Haïfa
L’université de Haïfa accueille trois collèges militaires israéliens qui constituent le complexe académique militaire israélien et qui, selon l’université, « forment l’épine dorsale des programmes de formation de l’élite des FDI »
L’université de Haïfa organise des cours à la base militaire israélienne de Glilot, considérée comme une extension de l’université. Elle a fourni des équipements aux soldats qui commettent le génocide à Gaza et a créé un fonds « d’urgence » pour fournir des allocations aux étudiants-soldats.
L’université d’Haïfa, par le biais de son centre interdisciplinaire Comper pour l’étude de l’antisémitisme et du racisme, a également mis en place un programme « ambassadeurs enligne » proposant une formation théorique et pratique afin de développer les capacités des étudiants à devenir des ambassadeurs officieux et des leaders de la hasbara israélienne. Ce même centre offre des bourses de recherche pour l’étude sur la « délégitimation d’Israël et le nouvel antisémitisme ».
Université Reichman
L’université Reichman organise des conférences annuelles à portée internationale, l’une organisée par l’institut de contre-terrorisme et l’autre par l’institut de stratégie politique de l’université. Recevant chaque année des hauts responsables politiques et militaires israéliens mais également des ambassadeurs et représentants gouvernementaux européens et américains notamment, ces conférences sont également soutenues par des compagnies israéliennes et américaines de l’armement telles qu’Elbit, IAI, Boing, Raytheon, Lockheed Martin.
Ganor, président de l’université Reichman, a été conseiller en matière de lutte contre le terrorisme auprès de plusieurs ministères israéliens et du Conseil de sécurité nationale israélien. En 1995, il a été consultant auprès du Premier ministre Benjamin Netanyahu dans l’écriture de son livre « Combattre le terrorisme ».
Act.il, une initiative d’activisme pro-israélien en ligne basée à l’Université Reichman née pendant le conflit de 2014, défend la cause d’Israël sur diverses plateformes de médias sociaux. Des étudiants bénévoles interviennent avec l’équipe d’Act.il dans une salle de crise sur le campus, mettant en lien les étudiants avec une communauté en ligne d’Act.il, composée de militants du monde entier. Engagée dans la création de contenu et dans la recherche d’opérations de propagande proactive, la hasabara tire avantages des étudiants étrangers de l’université Reichman issus de 90 pays différents (parlant couramment 30 langues), maîtrisant les médias sociaux et capables d’interagir avec un public international mobilisant leurs efforts pour partager la version israélienne de l’histoire à travers le monde.