Francesca Albanese : « La seule chose légale que peut faire Israël dans les territoires palestiniens, c’est de dégager »

Publié le par FSC

Tom Demars-Granja et Clémentine Eveno
L'Humanité du 14 septembre 2025

 

       Francesca Albanese, à la Fête de l'Humanité 2025.© Julien Jaulin/hanslucas

 

Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967, dénonce la complicité des États et des entreprises dans le génocide en cours à Gaza, devant une foule de personnes réunies ce dimanche 14 septembre à la Fête de l’Humanité.
« Après ce génocide, si on n’arrive pas à l’arrêter et s’assurer que ce soit le dernier de l’histoire, on aura perdu ce qu’il nous reste de notre humanité », lance Francesca Alb.anese, rapporteure spéciale des Nations unies pour les territoires palestiniens occupés depuis 1967 devant la foule pressée sous l’Agora de la Fête de l’Humanité ce dimanche 14 septembre.
Au cours des dernières vingt-quatre heures, 68 personnes ont été tuées et 346 autres blessées dans le territoire palestinien, rapporte le ministère de la Santé du Hamas ce dimanche 14 septembre. De nouveaux chiffres qui font porter le bilan global à 64 871 morts et 164 610 blessés à Gaza. Des chiffres probablement sous-estimés, avait jugé la revue The Lancet au mois de janvier 2025.
Dans ce contexte, la rapporteuse a rappelé que dès le 24 janvier 2024, la Cour pénale internationale (CPI) évoquait déjà un risque de génocide. Les États avaient donc déjà l’obligation « de prévenir le génocide, (par des actions) comme arrêter la vente des armes, des composants, mas aussi arrêter les relations économiques. »

« Sans les entreprises, Israël n’aurait jamais pu soutenir l’effort militaire »


Un récent rapport, Francesca Albanese décrit le rôle des entreprises dans la politique criminelle d’Israël. Intitulé « De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide », le document remis à l’ONU le 30 juin dernier nomme au moins « un millier » d’entre elles. « Sans les entreprises, Israël n’aurait jamais pu soutenir l’effort militaire », précise-t-elle.
La rapporteure spéciale donne ainsi plusieurs exemples, comme « les entreprises de services de surveillance et de l’armement, qui bâtissent les trains, les routes, des réseaux hydrauliques, qui soutiennent le tourisme, les banques, les universités, le fonds de pension… », liste-t-elle.
« À cause de ce rapport, j’ai été sanctionné par les États-Unis », rappelle-t-elle. Marco Rubio avait mis en cause sur X les « efforts illégitimes et honteux (de Francesca Albanese) visant à inciter la Cour pénale internationale à prendre des mesures contre des responsables, des entreprises et des dirigeants américains et israéliens ».


Une situation vivement dénoncée par l’organisation Amnesty International. « Il s’agit d’une attaque éhontée et transparente contre les principes fondamentaux de la justice internationale », avait dénoncé dans la foulée l’ONG de défense des droits humains.
« On a tout laissé faire à Israël », lâche la rapporteuse spéciale. « La Cisjordanie vit les mêmes violences que Gaza, à une autre échelle », affirme-t-elle. « 800 000 colons y vivent. C’est pour cette raison que la Cisjordanie n’est pas bombardée par 80 000 tonnes de bombes comme à Gaza ».
« La Cour internationale de Justice a dit que les colonies doivent être démantelées, les troupes retirées, le contrôle des ressources naturelles et leur exploitation doit s’arrêter », rappelle-t-elle. « La seule chose légale que peut faire Israël dans les territoires palestiniens, c’est de dégager », a-t-elle lâché, sous les applaudissements du public venu en nombre.

« Il faut garder les yeux sur ce qui se passe en Palestine »


Jeudi 11 septembre, Benyamin Netanyahou avait ouvertement assumé sa volonté « d’annexer » la Palestine, lors d’une cérémonie de signature d’un important projet de colonisation en Cisjordanie occupée. Le lendemain, la « déclaration de New York », plaidant pour la solution à deux Etats, avait été votée par l’Assemblée générale de l’ONU, par 142 voix pour, 10 contre (dont Israël et les États-Unis) et 12 abstentions.
Ce dimanche, l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a vivement réagit sur le réseau social X : « Gaza est en train d’être complètement effacée. Elle devient un terrain vague et semble de plus en plus impropre à la vie humaine ».
Interviewée par l’Humanité ce dimanche, la députée européenne Rima Hassan, en partance pour le convoi en direction de Gaza – qui est encore stationné en Tunisie – a déclaré : « C’est important d’être disponible pour toutes les initiatives. Notre rôle c’est aussi d’apporter de la visibilité, de la mobilisation et je l’espère de la protection en étant sur ces actions ».
Présente à ses côtés, l’actrice française Adèle Haenel a affirmé : « Il faut garder les yeux sur ce qui se passe en Palestine, car il y a une accélération du génocide. C’est ça qu’il faut regarder. »

 

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