À Gaza, la guerre coloniale se joue aussi sur le front de l’information

Publié le par FSC

Rosa Moussaoui
L'Humanité du 05 octobre 2025

 


La guerre d’anéantissement à laquelle se livrent les forces coloniales israéliennes dans la bande de Gaza se joue aussi sur le front de l’information. Depuis deux ans, l’accès à l’enclave est interdit à la presse étrangère et au moins 223 journalistes palestiniens ont été assassinés depuis le 7 octobre 2023 – ces homicides intentionnels, ciblés, sont des crimes de guerre. Les survivants, eux, continuent pour informer le monde d’accomplir un travail héroïque dans la peur, la faim, l’épuisement. L’objectif de ces graves violations de la liberté de la presse ? Le pouvoir israélien espère réduire au silence toute voix contredisant sa propagande qui déshumanise les Palestiniens pour fabriquer du consentement au génocide et place le « droit d’Israël à se défendre », c’est-à-dire à massacrer en toute impunité des civils, au-dessus de toute légalité internationale.


Peu avant que le Hamas accepte de libérer les otages et que Donald Trump demande l’arrêt des bombardements israéliens, une quinzaine de médias internationaux triés sur le volet ont été autorisés, sous escorte militaire, strictement encadrés par l’armée israélienne, à accéder au territoire palestinien transformé en champ de ruines. De telles conditions sont incompatibles avec la réalisation de reportages indépendants propres à établir les faits et les responsabilités dans cette guerre génocidaire.


Au même moment, une vingtaine de journalistes arrêtés au cours de l’interception dans les eaux internationales des bateaux de la Flottille Global Sumud avec les participants à cette mission humanitaire, qu’ils couvraient, étaient incarcérés à la prison de Ketziot. Ce centre de détention, dans le désert du Neguev, est connu pour les traitements inhumains et dégradants qu’y subissent les prisonniers palestiniens. Le fasciste Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, en a fait le théâtre de ses infectes mises en scène pour désigner les détenus de la flottille comme des « terroristes » devant être traités comme tels.


Parmi eux, notre collègue Émilien Urbach, reporter à l’Humanité. Illégales, sa capture et sa détention constituent des violations insupportables de la liberté d’informer. Nous exigeons sa libération immédiate et son rapatriement dans les plus brefs délais. Alors que se dessine enfin le fragile espoir d’un cessez-le-feu, nous nous joignons aux voix de journalistes du monde entier qui demandent le libre accès à la bande de Gaza pour témoigner des crimes contre l’humanité perpétrés sur cette terre martyre, à huis clos.

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