Article publié depuis Overblog et Facebook
Pierre Barbancey
L'Humanité du 04 octobre 2025
![]() |
| Le 2 octobre, dans le nord de l'enclave palestinienne, des habitants contraint de fuir Gaza-ville, soumise à des bombardements intensifs de l'armée israélienne.Ramez Habboub/ABACAPRESS.COM |
Alors que le président des États-Unis avait lancé un ultimatum, le mouvement palestinien a répondu vendredi soir, en se disant prêt à libérer tous les Israéliens, vivants et morts, encore retenus dans la bande de Gaza. La Maison-Blanche a ordonné à Israël de cesser de bombarder ce territoire palestinien.
Le Hamas n’aura pas attendu l’échéance de l’ultimatum lancé par Donald Trump, à son plan de paix présenté le 29 septembre à la Maison-Blanche, pour donner sa réponse, qui sonne comme un « oui, mais ». Le Jihad islamique a fait de même.
Après avoir donné soixante-douze heures de délai, le président états-unien s’était fait plus pressant le jeudi 2 octobre en exigeant une réponse d’ici dimanche soir. L’organisation islamiste, que l’on disait divisée sur l’attitude à adopter, est finalement intervenue vendredi soir. Le mouvement accepte de libérer tous les prisonniers israéliens détenus à Gaza (ils seraient 48, dont la moitié sont toujours vivants), « d’une manière qui permette » la fin de la guerre israélienne et un retrait total de la bande de Gaza. Il a également affirmé qu’il remettrait le pouvoir à Gaza à un groupe de technocrates palestiniens. Pour le reste du plan en 20 points de Trump, qui comprend le désarmement du groupe, il a déclaré qu’il devrait être « discuté dans un cadre national palestinien global, dans lequel le Hamas sera inclus et contribuera en toute responsabilité ».
« Israël doit immédiatement cesser de bombarder Gaza »
Immédiatement après, Trump a salué cette réponse du Hamas, écrivant même sur son site Truth Social qu’il pensait que le groupe palestinien était « prêt pour une PAIX durable », avec l’utilisation de majuscules dont il est coutumier. Il a même ajouté : « Nous discutons déjà des détails à régler. Il ne s’agit pas seulement de Gaza, mais de la paix tant recherchée au Moyen-Orient. » Plus surprenant sans doute est l’ordre lancé à Benyamin Netanyahou : « Israël doit immédiatement cesser de bombarder Gaza ».
Pour Ayman Odeh, chef de file des députés communistes israéliens à la Knesset, le parlement israélien, « depuis que le Hamas a répondu positivement à la proposition, Netanyahou n’a pas dormi. La réponse de Trump le rend fou et il fera tout pour saboter l’accord et la fin de la guerre destructrice à Gaza. Netanyahou sabote et sabotera tout ce qui pourrait mettre fin à la guerre, car il n’a rien à offrir, si ce n’est davantage de destruction, de dévastation et de bombardements. Il ne doit pas être autorisé à agir ainsi. »
On se souvient que, lors de la présentation du plan, aux côtés de Donald Trump, le premier ministre israélien avait dit « soutenir » l’initiative et avait souligné, en anglais, que si le Hamas rejetait le plan, « ou s’il l’acceptait et faisait ensuite tout pour le contrer », Israël « finirait le travail tout seul ». Changement de ton quelques heures plus tard, en s’adressant, en hébreu cette fois, aux Israéliens. Il révélait (quel scoop !) qu’il n’avait pas accepté la création d’un État palestinien et promettait que l’armée israélienne resterait dans la majeure partie de Gaza.
« La raison de cet accueil conditionnel d’un plan qui répond à la plupart des exigences israéliennes, utilisant une formule du ” oui, mais ” sans acceptation ni rejets complets, est que le rejet équivaut à un suicide politique et militaire, car il offre à Israël une couverture régionale et internationale pour poursuivre son génocide avec une férocité accrue », estime Hani al Masri, directeur de Masarat, le Centre palestinien de recherche politique et d’études stratégiques, basé à Ramallah.
« À l’inverse, poursuit-il, une acceptation absolue signifie une reddition sans garanties quant à l’arrêt de la guerre, à la prévention des déplacements, au retrait et à la reconstruction. Le Hamas parie que la principale préoccupation de Trump est de réaliser un exploit personnel qui satisfasse son ego et augmente ses chances de remporter le prix Nobel de la paix. Cela peut se faire par un échange de prisonniers et un cessez-le-feu, tandis que les autres questions restent secondaires à ses yeux. »
Prochaine étape : de probables discussions au Caire
Des discussions devraient très prochainement démarrer au Caire. « Le mouvement confirme sa volonté d’entamer immédiatement des négociations par l’intermédiaire de médiateurs pour discuter des détails », a fait savoir le Hamas. Avec dans un premier temps, la question de la libération des captifs israéliens. Mais Tel-Aviv va certainement s’efforcer de poser le plus rapidement possible la question du désarmement de l’organisation islamique.
Il semblerait que vendredi soir, les opérations militaires israéliennes se soient ralenties et même arrêtées. « Après l’annonce de la nouvelle, les cris de joie ont retenti dans les camps de déplacés. Maintenant, tout le monde est optimiste, tout le monde en parle. Tout le monde dit que ça va enfin finir et que nous allons retourner dans la ville de Gaza », a fait savoir à l’Humanité, la journaliste Maha Hussaini qui se trouve dans l’enclave palestinienne.
