Gattaz fils apprécie Hollande

Publié le par FSC

Ceux qui ont un peu de mémoire se souviennent des fortes affirmations du patronat selon laquelle la suppression de l’autorisation administrative, parce qu’elle léverait les hésitations des employeurs à recruter, allait créer de nombreux emplois. La loi défendue en 1986 par Philippe Seguin et sollicité par Gattaz père président du CNPF, Ministre du Travail, reposait sur  l’idée que  l’absence de flexibilité dans la gestion de l’emploi décourage l’emploi.

  L'autorisation administrative de licenciement qui constituait une forme de protection pour les salariés fut effectivement supprimée le 29 mai 1986.

Elle devait permettre la création de centaines de milliers d'emplois.


On connaît la suite : le chômage n'a pas cessé de croître depuis cette époque.

Tout cela est dans la même veine que ledit Théorème de Schmidt selon lequel « Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain »

Pour le patronat, les forces politiques et les idéologues qui le soutiennent il s'agit en fait de faire accepter les sacrifices aux travailleurs en faisant miroiter, demain ou après-demain bien sûr les "avantages" des choix de l'austérité et des reculs sociaux.

Avec Chirac c'était l'annonce de la "sortie du tunnel" qui comme l'horizon ne cessait de reculer au fur et à mesure qu'on avait l'illusion d'en approcher.

 

Avec la crise du système dont la racine réside précisément dans les politiques de rigueur, de compression salariale, d'agression permanente contre les conquêtes sociales de la Libération la pression contre les travailleurs, les campagnes des valets de l'oligarchie, la musique lancinante de "vous avez vécu au-dessus de moyens", " les dépenses publiques sont excessives" ,du "coût du travail" est trop élevé en France etc etc sont devenues un véritable matraquage.

 

Dénoncer ce matraquage, combattre ces agressions, construire la contre-offensive du monde du travail c'est plus que jamais la necessité de l'heure en surmontant les divisions et en sortant résolument du "dialogue social", des rencontres compromettantes avec les patrons et les chefs d'entreprise pour débattre d'un "nouveau syndicalisme" comme c'est actuellement le cas avec la réunion prévue le 22 janvier au Conseil économique et social *, de la collaboration de classe et des diktats de l'union européenne.

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*

réunion prévue au Conseil économique social et environnemental (CESE) le 22 janvier prochain.

 

Qui prévoit d’entremêler sur le même plateau Carole Couvert, Présidente de la CFE-CGC, Thierry LEPAON, Secrétaire Général de la CGT, Laurent BERGER, Secrétaire Général de la CFDT et Pierre GATTAZ, Président du MEDEF pour un débat présidé par Stéphane ROUSSEL, Président du Cercle de l’Excellence RH et membre de la Direction Générale de VIVENDI, et Jean-Paul DELEVOYE, Président du CESE.

Pour débattre de quoi ?

Eh bien du « nouveau visage du syndicalisme »

 

 

 


Interview de Pierre Gattaz, président du Medef, le 3 janvier à Paris.

Propos recueillis par Patrick Roger et Virginie Malingre


LE MONDE | 04.01.2014 Pierre Gattaz

 

 

 

Comment accueillez-vous la proposition de François Hollande ?

 

Favorablement. C’est ce que nous demandions depuis plusieurs mois. Mi-novembre, nous avions porté sur le bureau du président de la République un pacte de confiance, signé par plus de 80 fédérations professionnelles et 120 Medef territoriaux. Nous lui avons dit que nous étions capables de créer un million d’emplois. A la condition qu’on ouvre cinq chantiers : sur le coût du travail, sur la fiscalité, sur la baisse des dépenses publiques, sur la simplification et sur les freins à l’embauche. On peut faire baisser le chômage en France, mais il faut nous libérer d’un certain nombre de freins, d’obstacles, de tabous, de dogmes, qui sont autant de pierres dans notre sac à dos.

Quand j’entends le président de la République parler d’un « pacte de responsabilité », je suis satisfait. Il a lancé le projet général de sortir le pays de l’ornière et a montré un cap qui nous va bien. François Hollande a appelé cela « pacte de responsabilité », nous, on a parlé de « pacte de confiance » mais le contenu est très proche. On est prêt à jouer le jeu. Maintenant, il faut passer de la parole aux actes. Ce pacte, on peut le faire avec le gouvernement s’il engage de vraies réformes. Il y a urgence.


Ça commence par les assises sur la fiscalité des entreprises. Vous allez y participer ?


J’ai été rassuré par le président de la République, qui a dit que ces assises devraient permettre de baisser la fiscalité sur les entreprises. C’est une condition sine qua non pour nous. Puisque cela a été précisé, on va y entrer.


« BAISSER LA DÉPENSE PUBLIQUE EST UNE NÉCESSITÉ »

 

Votre objectif reste une baisse des prélèvements de 100 milliards d’euros ?

 

Qui se décomposent en 50 milliards sur le coût du travail et 50 milliards sur les impôts. Je ne suis pas contre la simplification de la fiscalité. Il faut enlever les niches. Mais l’important, c’est la baisse. Il y a 50 milliards de trop sur l’ensemble des taxes qui pèsent sur la production. Idéalement, il faudrait qu’on arrive à baisser en cinq ans de 10 milliards par an la fiscalité des entreprises.

Pour cela, il faut baisser la dépense publique. Les 50 milliards d’effort déjà annoncés par Jean-Marc Ayrault ne font que modérer la progression et réduire le déficit. Ils ne permettent pas de baisser les prélèvements obligatoires, qui sont à 46 % en France contre 40 % dans la moyenne européenne. Il faut aller au-delà, soit 50 milliards de plus que l’objectif du gouvernement. Le discours du chef de l’Etat va dans le bon sens mais, sur ce point, il mérite une précision.


Vous voulez donc 100 milliards de baisse des dépenses publiques ?

 

Ce qui m’intéresse, c’est la compétitivité des entreprises pour créer de l’emploi. Cela passe par la baisse du coût du travail et la baisse de la fiscalité. Ce qui est derrière, c’est la création d’emplois pour tous les Français. C’est une nécessité. On a l’objectif ; les solutions, on peut les trouver.

 

C’est-à-dire pas forcément réduire le déficit mais réduire les prélèvements obligatoires ?

 

Ça poserait d’autres problèmes par rapport aux engagements envers Bruxelles. A la limite, il y a un mix à faire entre les deux. Mais l’idéal serait de faire 100 milliards d’économies de dépenses publiques en cinq ans. Cet objectif est réaliste. C’est 20 milliards par an, soit 1,7 % de réduction des dépenses publiques par an. Dans une entreprise en crise, ce n’est rien du tout. La sphère publique n’a jamais été gérée correctement, personne n’a rien fait. Je ne dis pas qu’il faut baisser la qualité des services. Je dis qu’il faut arrêter de gérer la France avec des a priori. Il faut faire ce qu’on fait dans toutes les entreprises qui fonctionnent dans le monde : de l’excellence opérationnelle et du management moderne, faire confiance aux fonctionnaires à tous les échelons, les impliquer avec des objectifs.

 

Où trouvez-vous les 50 milliards d’allégement du coût du travail ?

 

La protection sociale, c’est environ 650 milliards d’euros de dépense par an. Il y a notamment deux postes qui pèsent sur le travail de manière absurde : la famille et la maladie. La famille, c’est 36 milliards d’euros qu’il faut transférer. C’est le but de la saisine du Haut Conseil du financement de la protection sociale par Jean-Marc Ayrault. On attend les solutions. La maladie, c’est aussi un poste qui pourrait être revu. Le président de la République a parlé d’abus de la protection sociale. Il a voulu montrer qu’il n’y a pas de dogme. Là, j’ai applaudi, il faut y aller. L’important, c’est d’enclencher le processus, c’est d’y croire et de le faire avec les partenaires sociaux.

 

« LE PATRONAT N’EST PAS VIERGE DE TOUT »

 

Les chefs d’entreprise n’ont-ils pas aussi leurs responsabilités dans les destructions d’emplois ?

 

Les entrepreneurs ont-ils une responsabilité ? Je vais vous dire oui. Si on s’engage dans un pacte comme cela, on ne peut pas dire que le patronat est vierge de tout. Dans l’industrie, on a très bien passé les « trente glorieuses ». On a très mal négocié l’après- « trente glorieuses », c’est-à-dire la mondialisation de l’économie. Nous avons manqué de pragmatisme. Les élites françaises ont laissé faire une désindustrialisation rampante dont on mesure aujourd’hui les conséquences. Dans mon secteur, j’avais vingt concurrents patrimoniaux créés après la guerre. Il n’y en a plus un qui existe aujourd’hui ; ils ont tous été vendus, soit à des groupes, soit à des fonds de pension américains, soit à des concurrents. Alors que j’avais quarante concurrents patrimoniaux en Allemagne ; ils sont tous vivants et en pleine forme. Cherchez l’erreur.

Et puis il y a eu un phénomène dont on ne parlera jamais assez, c’est l’impôt sur la fortune . L’ISF a été mortifère pour les entreprises de taille intermédiaire. Ensuite, il y a la dureté de la législation sociale française, qui a été améliorée depuis l’accord national interprofessionnel de janvier 2013 mais qui fait que, dans un monde où on a besoin d’adaptations permanentes, le chef d’entreprise français a peur d’embaucher.

 

Quand commencez-vous à embaucher le million d’emplois annoncés ?

 

Un million d’emplois, je le vois comme un objectif. Il faut mettre tout le monde en situation pour cet objectif. Pour moi, ce que le président de la République a dit à ses voeux, c’est un élément très important, qui montre qu’on est d’accord pour monter la montagne ensemble. Et je suis d’accord pour escalader l’Everest avec lui. Maintenant, il faut mettre les camps de base et la logistique en place. Nous, on va décortiquer les poches où on peut créer des emplois. Mais toujours à la condition que…*


« LA FRANCE, TERREAU DE RONCES ET DE PIERRES »

 

Le gouvernement doit s’engager et, vous, vous n’avez que des objectifs. N’y a-t-il pas une certaine dissymétrie dans le pacte ?

 

L’engagement, je l’ai déjà pris en signant le pacte de confiance adressé au président de la République. Nous sommes prêts à travailler sur ces chantiers. Nous voulons rebâtir un environnement de confiance avec le président de la République, qui a été très érodé depuis quelques mois. Maintenant, la responsabilité première d’un gouvernement, c’est de faire en sorte que les citoyens aient du travail. Comment crée-t-on de l’emploi ? Par les entreprises. L’idée n’est pas de les contraindre à embaucher, c’est de faire qu’elles viennent en France parce qu’elles y trouvent un terreau favorable.

Aujourd’hui, le terreau France est peuplé de ronces et de pierres. Les pierres, ce sont les impôts et les charges ; les ronces, c’est la complexité de la réglementation. Les entreprises partent. Nous sommes dans un monde ouvert, il y a 150 pays concurrents quand il y en avait cinq après la guerre. Si on veut que les abeilles reviennent butiner les fleurs françaises, il ne faut pas les effrayer. Nous sommes accompagnateurs de solutions et nous sommes prêts à mobiliser largement. C’est cela, notre contribution.

 

Publié dans Luttes - actualités

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