Intervention pour le SGLCE au congrès de Toulouse de la CGT
Intervention pour le SGLCE au congrès de Toulouse de la CGT
Bonjour. Cette intervention est prononcée au nom du Syndicat général du Livre et de la Communication écrite, syndicat qui compte 2000 adhérents au sein de la presse et du labeur, dans des secteurs qui regroupent les sièges éditoriaux, les imprimeries et la distribution.
Nous voulons intervenir sur un sujet d'actualité, celui de la distribution de la presse.
Depuis plusieurs mois, les salariés de Presstalis (ex-NMPP) luttent pour défendre leurs emplois mais aussi pour pérenniser un système de distribution issu de la loi Bichet de 1947 et des idéaux du Conseil national de la Résistance pour garantir le pluralisme de la Presse.
Bien que dans les faits, aujourd'hui, celle-ci ait déjà été contournée par de nombreuses attaques patronales et des suppressions d'emplois massives, il existe encore, grâce à Presstalis, une égalité de traitement, la mutualisation et la péréquation des coûts.
Ces trois ingrédients ont permis pendant des décennies aux éditeurs de pouvoir être distribués égalitairement, que leur titre ait un caractère d'information générale, d'opinion ou économique, quelles que soient ses ressources publicitaires, qu'il soit ou pas appuyé par de grands groupes financiers. Ainsi, chacun est sur un pied d'égalité et a pu être distribué dans les kiosques sur tout le territoire national.
Ce système est reconnu pour son efficacité même si, à l'évidence, la diffusion de la presse a baissé ces dernières années du fait de l'apparition de l'information en continu, de la concurrence des quotidiens gratuits et avec l'arrivée de nouveaux supports numériques.
Il n'en reste pas moins vrai qu'il y a encore un potentiel important de quotidiens et de publications à distribuer et que nous voulons être de ceux qui apportent leur savoir-faire et leur expérience pour les années à venir.
Or, la direction de Presstalis a décidé en octobre 2012 de lancer une offensive sans précédent en voulant supprimer 1 250 postes sur 2 147, soit plus de la moitié des effectifs.
Pour parvenir à ses fins, la direction projette de regrouper les agences qui assurent la diffusion en province ; au passage, elle supprimerait des emplois par centaines.
À Paris, elle préconise un centre de distribution regroupant les trois existant actuellement, avec les mêmes conséquences sur l'emploi.
Mais surtout, elle s'attaque à la charge de travail en sous-traitant les produits les plus rentables, notamment les publications à forte valeur faciale. Géodis — société de transport et de logistique, filiale de la SNCF — en est le principal opérateur.
Comment travaillent les salariés dans ces sociétés ? Majoritairement avec des statuts précaires, des conditions de travail exécrables, en temps partiel payé au Smic horaire...
Notre lutte se situe sur deux axes : l'avenir d'un système de distribution et le refus net des licenciements qui sont programmés par la direction.
C'est sur ces deux fondamentaux que nous avons articulé les initiatives suivantes.
- Envers les éditeurs (qui sont en même temps donneurs d'ordre et bénéficiaires du système coopératif puisqu'ils sont à la fois administrateurs et clients de Presstalis), nous avons été contraints d'empêcher la sortie de leurs titres par des arrêts de travail.
- Envers les MLP (Messageries lyonnaises de Presse, concurrentes directes de Presstalis) concernant notamment la distribution des publications. Cette coopérative est administrée par des éditeurs qui l'utilisent pour faire baisser les coûts de distribution en pratiquant le dumping social. Nous avons également été contraints de bloquer des entrepôts pour retarder leur distribution de titres.
- Envers les pouvoirs publics qui, de notre point de vue, ont un rôle essentiel à jouer pour que la démocratie et le pluralisme puissent continuer à s'exprimer dans notre pays.
Nous avons sollicité le ministère de la Culture. Des conseillers nous ont reçus mais nous avons bien senti qu'il s'agissait d'une rencontre purement formelle.
Nous avons sollicité le Premier ministre. Pas de réponse...
Nous avons sollicité le Président de la République. Trois conseillers nous ont reçus ; dans la foulée, un médiateur a été désigné.
Nous avons été auditionnés au Sénat.
Les groupes parlementaires nous ont reçus, notamment celui du Front de Gauche, avec sa députée Marie-George Buffet qui, en lien avec la Commission Médias du Front de Gauche et des syndicalistes, envisage de déposer un projet de loi.
Ce projet de loi porte sur le redressement de la presse et de sa distribution au service du pluralisme et de l'intérêt général. La presse n'est pas un produit comme un autre. Certes, elle est bouleversée par des mutations technologiques, mais rien ne justifie un virage à 180° par rapport aux principes votés après-guerre au détriment d'une rentabilité accrue.
Nous nous sommes rassemblés à Paris et en province à plusieurs reprises avec des camarades d'entreprises eux aussi en lutte pour la défense de leur emploi. Nous avons notamment manifesté aux côtés des Goodyear, des Fralib et des Sanofi.
Notre combat est très dur à médiatiser et pour cause : les patrons des médias sont nos adversaires directs. Le fait que ce gouvernement ne veuille pas débattre publiquement de cette question n'aide pas à la prise de conscience collective. Alors que plus d'un millier d'emplois et le pluralisme de la presse sont en jeu, cette attaque patronale aurait pu passer sans faire de bruit. C'était sans compter sur la mobilisation des salariés de Presstalis et de leur syndicat, le SGLCE-CGT.
Nous remercions toutes les Unions départementales qui nous ont apporté leur soutien, leur solidarité et plus particulièrement celles de Paris, des Bouches-du- Rhône, du Rhône et de Lorraine.
Un regret quand même, celui d'avoir sollicité par écrit une rencontre avec notre Confédération, la CGT, et de ne jamais été avoir été reçus. Notre but n'est pas de nous faire assister ni remarquer plus que d'autres mais bien de poser tous ensemble les enjeux politiques, sociaux et culturels qui sont en débat dans la filière et qui concernent toute la société.
Et comme nous pensons qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire, nous réitérons notre demande auprès des instances dirigeantes de note Confédération CGT et de son secrétaire général, avec l'espérance d'être reçus au plus tôt.
Au nom des salariés de Presstalis, au nom de notre syndicat, le SGLCE, nous vous remercions de votre écoute.
La lutte continue, vive la CGT !
Toulouse, le 19 mars 2013 Le représentant du SGLCE CGT