Un dirigeant de la CGT Région Centre : Philippe CORDAT exprime sans détour son point de vue sur la situation actuelle

Publié le par FSC

 
Philippe CORDAT également membre du parlement de la CGT (CCN) est à ce titre un dirigeant confédéral
 

 

EXTRAITS de sa note aux militants du Centre  :
 


Être lucides est impératif pour rassembler mais il est tout autant indispensable de faire confiance avant tout aux salariés.Ceux qui, y compris dans la Cgt, ne voyaient dans ces mobilisations que le produit d’un complot orchestré par les fachos de l’extrême droite, feraient bien d’aller à la rencontre de ces travailleurs citoyens en colère, de les écouter, de débattre avec eux.

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Sous la pression des sociaux-démocrates, de ceux qui prônent l’alliance entre le capital et le travail et de ceux qui dans la Cgt ne croient pas à la capacité des salariés de gagner par le rapport de force, des dirigeants se sont laissés entraîner dans cette mouvance idéologique qualifiant de populistes toutes celles et ceux qui s’opposent à l’Union européenne, au leurre de l’Europe sociale et qui demeurent attachés à la Nation et à la souveraineté du peuple. Les suspecter d’adhérer aux discours et idées de l’extrême-droite vise à brouiller la réalité et empêcher le bon sens de triompher.
Nous venons de vivre en interne à quoi peut conduire ce mode de pensée qui nourrit les amalgames, l’étiquetage, la division, voire l’exclusion avec la parution de cette abjecte fiche N° 17 intitulée «campagne CGT contre l’extrême-droite» mettant scandaleusement en cause l’historienne Annie Lacroix-Riz, cette militante qui a toujours lutté pour la classe ouvrière, contraignant, face aux nombreuses réactions dans toute la Cgt, le secrétaire général confédéral à lui présenter des excuses.

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La séquence des luttes de gilets jaunes (et pas qu’eux) nous montre que c’est la confrontation des arguments qui seule permet de faire reculer l’idéologie nauséabonde de cette extrême-droite acquise au système capitaliste, et de faire cheminer la réflexion sur la perspective de changer la société.
Travailler publiquement dans les débats les contradictions est indispensable pour avancer dans ce mouvement, comme dans nos rapports aux salariés à l’entreprise mais cela suppose de revenir dans toute la Cgt à une conception militante de notre activité syndicale et de sortir des pratiques bureaucratiques hors sol.

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Dans les lieux d’occupations des gilets jaunes ou les débats ont été très vifs, contradictoires, si des acteurs progressistes, des syndicalistes n’avaient pas été impliqués dans les échanges, ce sont très vite les idées nauséabondes les plus réactionnaires qui auraient pu devenir majoritaires.

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Nous ne pouvons pas éternellement renvoyer aux syndicats, aux UL, aux UD les responsabilités quand dans toutes ces structures de la Cgt, un grand nombre de camarades nous expliquent que plus personne ne comprend rien à la stratégie de la Cgt, qu’ils et elles en ont assez de cette rhétorique sur le syndicalisme rassemblé qui ne rassemble plus personne !
Objectivement nous avons un retard à l’allumage qui s’apparente à une réelle déconnexion de ce qui se passe sur le terrain et du coup une vision repliée à l’environnement immédiat du complexe de Montreuil.

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Des directions pour animer, diriger, impulser et coordonner les luttes à partir de la double besogne de la Cgt (action pour les revendications, combat pour le changement de société) voilà ce que les adhérents de la Cgt attendent mais aussi beaucoup de salariés qui ne comprennent pas sa mollesse.

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Le prochain congrès confédéral, à la condition qu’il soit réellement le produit de la réflexion et des débats avec tous les syndiqués, devrait dans ce contexte permettre à la Cgt de faire un bond en avant.
Nous ne redeviendrons pas cette grande Cgt capable de peser, d’entraîner les salariés dans les luttes si nous ne tirons pas les enseignements de nos défaites et de nos orientations, happées par le mode « dialogue social » (stratégie du capital pour museler les travailleurs et promotionner le syndicalisme d’accompagnement), ce qui va exiger de faire preuve de d’avantage d’écoute et d’humilité.
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Revenir à une dimension interprofessionnelle et intergénérationnelle du combat Cgt est une nécessité pour gagner, et avec la détermination d’enrayer, voire de bloquer la mécanique économique pour faire céder les possédants.
Ce qui suppose de définir déjà entre nous dans la Cgt une stratégie pour bloquer les grands secteurs stratégiques et construire un processus de luttes qui obligent les acteurs économiques et leurs valets politiques à engager et garantir nos revendications.

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N’ignorons pas que le lessivage dans le paysage politique qui à suivi la Présidentielle, le mouvement en cours en dehors du syndicalisme va bouleverser, y compris le paysage syndical, et conduire à une accélération de la recomposition syndicale à laquelle travaille depuis des lustres le camp réformiste et le patronat.
La première urgence pour toutes les directions de la Cgt, tout mettre en œuvre pour réussir le 5 février 2019 et proposer des suites à cette journée de luttes.

 

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