Roues ferroviaires : sauver VALDUNES !
Ce sous-traitant ferroviaire, dernier fabriquant français de roues et d'essieux, emploie 380 personnes dans le Nord. L'actionnaire chinois veut se désengager. Une solution de reprise doit être trouvée d'ici la fin du mois sans quoi le placement en redressement judiciaire sera inévitable.
"La trésorerie donne de la visibilité à 30 jours. Mais après ?" Sur les deux sites que compte Valdunes, distants de 150 kilomètres, on vit dans l'inquiétude et au gré des marques d'intention. Une douzaine de repreneurs potentiels ont ces dernières semaines montré des signes d'intérêt pour l'entreprise. Problème : pour quasiment tous (sauf un), c'est oui pour l'atelier d'usinage de Tith-Saint-Léger près de Valenciennes, mais non pour la fonderie installée à Leffrinckoucke sur la côte dunkerquoise. Seul un investisseur en effet, Navigator Group, se positionne concrètement pour une reprise des deux sites. Problème là encore : son profil ne rassure pas les salariés.
Un repreneur en lice qui suscite la méfiance des salariés...
Navigator a un ambitieux projet qui peut séduire sur le papier. Créer un "pôle ferroviaire" européen en rachetant des acteurs de taille moyenne. Le groupe allemand est en passe de mettre la main notamment sur une PME bretonne AP Industries, basée à Ploërmel et qui fabrique notamment les aimants qui permettent à deux rames de train de se raccorder entre elles. Accoler à son projet les deux sites de Valdunes permettrait de lui donner de la consistance. Mais Navigator a-t-il les moyens de ses ambitions ? Celles-ci se heurtent à la méfiance de la CGT dans l'entreprise et de son délégué syndical Maxime Savaux pour qui le risque est d'avoir un investisseur qui vienne "piller le savoir-faire, empocher les aides de l'État et des collectivités, puis décide de s'en aller comme les autres d'ici 3-4 ans".
Au ministère, on suit de très près ce dossier qui a tout du terrain miné. Un cabinet d'experts Grant Thornton a été désigné pour éplucher les offres de reprise et les évaluer : "Le repreneur devra investir au moins 50 % du besoin financier de Valdunes avec son propre argent", insiste-t-on à Bercy, au cabinet du ministre délégué à l'industrie, Roland Lescure. Et c'est là que le dossier présenté par Navigator pourrait atteindre ses limites, sachant qu'approximativement plus de 100 millions d'euros seraient aujourd'hui nécessaires pour remettre l'outil industriel au goût du jour après des années de sous-investissements. "Si on décide de faire confiance à un repreneur, il faut que ça tienne", abonde une conseillère au cabinet. "Que ce soit carré et qu'on ne se dirige pas vers le même scénario dans deux ans."
... Et la CGT qui tente de convaincre avec un autre projet
Pour la CGT, la meilleure manière de ne pas être déçu est encore d'écrire le scénario soi-même. La centrale de Montreuil veut convaincre la SNCF et Alstom de s'investir dans un projet alternatif. Selon Sophie Binet, la secrétaire générale du deuxième syndicat français, "les interpellations de la CGT ont fait bouger les lignes puisque la SNCF s'est dite disponible à augmenter son carnet de commandes et à s'engager à plus de volumes qu'aujourd'hui". La compagnie se serait aussi dite ouverte à entrer dans un tour de table sur la reprise de Valdunes. "Pour l'instant, le point de blocage se situe du côté d'Alstom qui ne répond pas à nos sollicitations", regrette Sophie Binet qui doit se rendre à Bercy vendredi pour évoquer la question et demander l'organisation d'une table-ronde entre la SNCF, Alstom et la Région Hauts-de-France.