Gaza : après les déclarations de Trump, le ministre israélien de la Défense prépare un plan de départ « volontaire » des Gazaouis

Publié le par FSC

Tom Demars-Granja
L'Humanité du 06 février 2025

 

Alors que le président des États-Unis et le premier ministre d’Israël ont exposé leurs ambitions colonialistes à la face du monde, mardi 4 février, Washington comme Tel-Aviv accélèrent leur projet d’annexion de la bande de Gaza. Tandis que les États-Unis minimisent les propos de Trump en parlant d’un transfert « temporaire » des Gazaouis, le ministère de la Défense israélien a annoncé, jeudi 6 février, préparer un plan de « départ volontaire ».


Après la sidération, voici venu le temps de limiter la casse. L’administration étasunienne a tenté de tempérer, mercredi 5 février, les propos du président Donald Trump quant à une prise de contrôle de Gaza. « Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec, avait ainsi lancé l’ancien homme d’affaires, qui a remis pour l’occasion ses habits de promoteur immobilier au mépris d’un peuple palestinien visé par une entreprise génocidaire. Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes. »


Le tout aux côtés d’un Benyamin Netanyahou souriant, comme s’il ne s’attendait pas lui-même à un soutien si frontal. Le projet politique de Donald Trump, entre une déportation des Gazaouis et une colonisation de leurs terres, a indigné à l’international. Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies (ONU), a mis en garde le président des États-Unis contre un « nettoyage ethnique » devant le comité de l’ONU sur l’exercice du droit inaliénable des Palestiniens, tandis que l’Union européenne, la Ligue arabe, la Chine, le Brésil, ou encore, les voisins de Gaza au Proche-Orient (Iran, Turquie, Égypte, Jordanie, etc.) ont condamné un projet mettant fin aux espoirs d’un État palestinien.

« Une promesse de gratifications accordée aux auteurs d’un génocide »


« Cette déclaration est une provocation : impossible à réaliser, totalement contraire au droit international – dont les principes ont encore été rappelés, cet été, par la Cour internationale de justice –, et relevant d’un impérialisme assumé, résume Rafaëlle Maison, professeure agrégée de droit public à l’université Paris-Sud à l’Humanité. Elle viole non seulement le droit du peuple palestinien à disposer de lui-même, mais également le cœur même de la charte des Nations unies : l’interdiction de l’acquisition de territoires par la force. C’est aussi une promesse de gratifications accordée aux auteurs d’un génocide. »


Face au déluge de critiques internationales, le secrétaire d’État Marco Rubio a tenté d’éteindre l’incendie… en affirmant que tout transfert des Gazaouis serait temporaire. Donald Trump veut « reconstruire les bâtiments » afin que « les gens puissent y retourner », a-t-il annoncé. Argumentaire contradictoire avec les propos du président des États-Unis, qui a expliqué vouloir transformer la bande de Gaza en une nouvelle « Riviera du Moyen-Orient » et qui avait déjà suggéré un déplacement « temporaire ou à long terme » des Gazaouis en Jordanie ou en Égypte, le 26 janvier dernier.


Le premier israélien – plus conforté que jamais – a, de son côté, poursuivi dans la lignée de Donald Trump lors d’une interview accordée à la chaîne Fox News, dans la soirée du mercredi 5 février. Benyamin Netanyahou a qualifié l’idée de son homologue étasunien de « remarquable » : « C’est la première bonne idée que j’ai entendue. » Le dirigeant israélien – visé par des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité – a par la suite repris la rhétorique de l’administration Trump : « Ils peuvent partir, ils peuvent revenir, ils peuvent se réinstaller et revenir, mais il faut reconstruire Gaza. » En parallèle, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a ordonné, jeudi 6 février, que des préparatifs en vue d’un « départ volontaire » des Gazaouis soient mis en place.


La proposition américaine s’est heurtée à une fin de recevoir catégorique de l’administration palestinienne. « Nous ne permettrons pas que soient bafoués les droits de notre peuple », a rétorqué le président palestinien Mahmoud Abbas. Le Hamas a quant à lui estimé que la proposition de Donald Trump est une « recette pour créer le chaos et la tension dans la région. Au lieu de tenir l’occupation sioniste responsable du crime de génocide et de déplacement, elle est récompensée, et non punie ». L’Égypte a appelé, en réaction, l’Autorité palestinienne (dirigée par Mahmoud Abbas) à reprendre le contrôle de la bande de Gaza, d’où elle avait été chassée en 2007, quand le Hamas y a pris le pouvoir.


Même son de cloche au sein de la bande de Gaza, réduite en cendres par le gouvernement Netanyahou. « Nous sommes revenus malgré les destructions massives (…) Nous sommes revenus parce que nous refusons catégoriquement d’être déplacés », a affirmé Ahmed Al-Minaoui, habitant rentré dans la ville de Gaza, à l’Agence France-Presse. « Je suis Gazaoui, mon père et mon grand-père sont originaires d’ici, s’insurge Ahmed Halasa, un habitant de la même ville âgé de 41 ans. Nous n’avons qu’une seule option : vivre ou mourir ici. » Donald Trump et Benyamin Netanyahou ne semblent pourtant pas prêts à restreindre leurs ambitions impérialistes.
 

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