Guerre à Gaza : Benyamin Netanyahou tente de torpiller la trêve et suspend l’aide humanitaire

Publié le par FSC

Benjamin König
L'Humanité du 02 mars 2025

 

 

La deuxième phase de l’accord de trêve, qui devait débuter ce dimanche 2 mars, est remise en question par Benyamin Netanyahou, avec l’appui des États-Unis. Le Hamas exige son application et dénonce un « crime de guerre » à propos de la suspension de l’aide humanitaire.


Reprendre la guerre, en violation de la trêve signée le 19 janvier dernier : tel semble être le but poursuivi par Benyamin Netanyahou. Au lendemain de la fin de la première phase de cet accord, qui arrivait à échéance ce samedi 1er mars, le premier ministre israélien refuse d’appliquer la deuxième phase, qui prévoit la libération des 24 otages restants ainsi que la restitution des 34 corps de ceux qui ont été tués au cours de leur captivité ou lors des attaques du 7 octobre 2023. En échange, Israël s’était engagé à libérer environ 1 800 prisonniers palestiniens.


Dans la nuit de samedi à dimanche, Benyamin Netanyahou a annoncé vouloir mettre en œuvre, en lieu et place, une proposition de dernière minute émise par les États-Unis. Dans un communiqué, son bureau indique qu’« Israël adopte le plan de l’envoyé du président américain, Steve Witkoff, pour un cessez-le-feu temporaire pour les périodes de ramadan », qui a débuté le 28 février et durera jusqu’au 30 mars, « et de Pessah », la Pâque juive, laquelle sera célébrée mi-avril.

Suspension de l’aide humanitaire


Ce plan prévoit que « la moitié des otages, morts ou vivants », sera remise à Israël lors de son entrée en vigueur, puis, pour ceux qui restent, « à la fin, si un accord est trouvé pour un cessez-le-feu permanent », précise le communiqué.


Le Hamas a réagi dans la foulée. Le mouvement islamiste palestinien a rappelé Israël à ses obligations, alors que depuis le 28 février les négociateurs israéliens, qataris et états-uniens se retrouvent au Caire dans le cadre des discussions sur la deuxième phase de l’accord initial. Selon le Hamas, cette nouvelle proposition équivaut pour Israël à « se soustraire aux accords qu’il a signés. (…) La seule façon de parvenir à la stabilité dans la région et au retour des prisonniers est d’achever la mise en œuvre de l’accord, en commençant par la deuxième phase », a réagi le dirigeant du Hamas, Mahmoud Mardaoui, dans une déclaration transmise à l’AFP.


En guise de représailles, Benyamin Netanyahou a suspendu toute entrée d’aide humanitaire à Gaza. Un moyen de pression inique et illégal, que le Hamas a dénoncé : « La décision de suspendre l’aide humanitaire est un chantage mesquin, un crime de guerre et une violation flagrante de l’accord », a réagi le mouvement palestinien, qui a également appelé « les médiateurs et la communauté internationale à faire pression » sur Israël. Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a assuré dans la foulée qu’« il n’y a pas d’alternative à la mise en œuvre fidèle et intégrale par toutes les parties de ce qui a été signé en janvier dernier ».

4 milliards d’armes américaines


Sans surprise, la suspension de l’aide dans la bande de Gaza a été applaudie par les alliés d’extrême droite du gouvernement de Netanyahou. « La décision de stopper totalement l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza jusqu’à la destruction du Hamas ou sa reddition totale et la libération de tous nos otages est une étape importante qui va dans la bonne direction », a réagi le ministre des finances, Bezalel Smotrich. Qui a poursuivi son laïus en appelant « maintenant à ouvrir les portes de l’enfer aussi rapidement et violemment que possible contre l’ennemi ».


Benyamin Netanyahou, qui n’avait accepté l’accord du 19 janvier qu’à contrecœur, a également menacé de reprendre les hostilités : « Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d’autres conséquences », indique-t-il. Le premier ministre israélien profite du rapport de force modifié par l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui a présenté son fameux « plan » pour Gaza le 5 février, lequel prévoit un déplacement forcé de toute la population gazaouie, soit près de 2 millions de Palestiniens, dans les pays arabes voisins, notamment l’Égypte et la Jordanie, qui s’y refusent malgré les pressions. La « reconstruction » de Gaza, sur le modèle d’une Riviera sous « contrôle » des États-Unis, a tout du nettoyage ethnique.


Les Nations unies ont réagi à la menace de reprise des hostilités, qui « serait catastrophique », a fait savoir Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres. C’est pourtant ce que semblent préparer Israël et son allié américain : le secrétaire d’État Marco Rubio a ainsi annoncé une livraison de 4 milliards de dollars d’aide militaire, signe selon lui qu’Israël « n’a pas de meilleur allié à la Maison-Blanche que le président Trump ». Ce dernier avait confirmé que la levée des restrictions sur certains types d’armes, notamment les bombes de 900 kilos.
Ce dimanche, le ministère de la santé du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé qu’il y avait « depuis ce matin quatre morts et six blessés », transportés « dans des hôpitaux de la bande de Gaza à la suite d’attaques israéliennes », détaille le ministère.

 

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