1 635 publications interdites, 6 265 censurées : en Israël, la censure a battu des records en 2024

Publié le par FSC

Antoine Portoles
L'Humanité du 05 mai 2025

 

 

Le magazine + 972 a révélé vendredi 2 mai l’explosion des cas de censure dont a été victime la presse israélienne l’an dernier, résultat de la stratégie de black-out médiatique perpétrée par le gouvernement de Benyamin Netanyahou pour invisibiliser le génocide en cours à Gaza et faire taire toute forme d’opposition.
N’en déplaise au premier ministre Israélien Benyamin Netanyahou qui, en 2014, s’était targué du fait qu’aucun pays n’était plus démocratique qu’Israël, la censure contre les médias bat son plein dans le pays. Selon le magazine + 972, celle-ci a même battu des records l’an dernier : 1 635 publications ont ainsi été interdites, et 6 265 partiellement censurées.


« En moyenne, la censure est intervenue dans environ 21 reportages par jour l’année dernière », décompte la rédaction composée de journalistes israéliens et palestiniens. Toujours selon + 972, « en vertu de la loi israélienne, tout article traitant de la catégorie largement définie des » questions de sécurité « doit faire l’objet d’un examen de la censure militaire ». Et en cas de censure : « Il est interdit aux médias d’indiquer qu’elle a eu lieu, ce qui signifie que la plupart de son activité reste cachée au public. »

Black-out médiatique


En 2024, les organes de presse israéliens ont soumis au total 20 770 articles au censeur militaire pour examen. C’est près du double du contenu contrôlé l’année précédente. Cet assaut sans précédent contre la liberté de la presse dans le pays est la conséquence directe de la politique de black-out médiatique orchestrée par le gouvernement de Netanyahou et de ses alliés suprémacistes, afin de passer sous silence le génocide à l’œuvre dans la bande de Gaza, ainsi que la poursuite de la colonisation et de l’annexion en Cisjordanie occupée.
En instance, il s’agit de nier l’existence même du peuple palestinien et de museler toute voix dissonante en Israël. + 972 fait également valoir le manque de solidarité de la presse israélienne vis-à-vis de ses confrères palestiniens tués à Gaza depuis le 7 octobre 2023. Ils sont pourtant près de 200.


Au-delà de la censure gouvernementale, le magazine dénonce enfin la complicité de certains médias israéliens dans les crimes perpétrés à Gaza : « Au lieu de témoigner de la vérité de la guerre ou d’amplifier les voix des journalistes basés à Gaza (…), la plupart des journalistes israéliens se sont enrôlés dans l’effort de propagande de guerre (…) et (ont lancé) librement les appels directs au génocide, à la famine et à d’autres crimes de guerre. » D’où la nécessité d’un sursaut au sein de la société israélienne, même s’il est déjà trop tard pour éviter le pire.
 

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